jeudi 30 juin 2022

 

Netanyahou c'est la gauche

La construction juive au coeur de la terre d'Israël


Commençons par une définition succincte de ce que gauche et droite veulent dire. Il ne s'agit pas de la gauche de Robespierre qui voulait renforcer les acquis de la Révolution, ni de la droite de Condorcet qui défendait la bourgeoisie, les droits des Juifs ou des femmes, ou encore l'officialisation du système métrique, les uns et les autres ayant siégé de part et d'autre du président de la Convention. Il ne s'agit pas non plus de castes politiques qui défendent le capitalisme, la compétitivité industrielle, d'une part, ni à l'opposé de la sensibilité pour le droit à l'instruction des enfants qui ne doivent pas servir de main d'œuvre dans les mines de charbon…

En Israël, la gauche et la droite ont ceci de particulier dans les faits que la droite défend les droits et les acquis des Juifs, tandis que la gauche promeut à leur détriment les Arabes. Ainsi, à titre illustratif, nous citerons la faculté de médecine qui refuse un étudiant juif parce qu'il n'a eu que 720 points aux tests psychométriques, mais accepte un étudiant arabe qui n'a eu que 600, parce que des quotas ségrégationnistes à défaut d'être sionistes imposent un numérus.

Dès le départ, le sens de la distinction gauche-droite a suivi un glissement : le Mapaï, puis Rats (prononcer le s, pas de méchant jeu de mots voulu) et Mapam, représentaient les travailleurs, défendaient et revendiquaient leurs droits. Si l'on peut identifier l'institution de la droite au mouvement de Begin, celui-ci défendait les laissés pour compte, dont toute une classe rentrée au pays des contrées de l'exil de l'Afrique et de l'Asie. Parallèlement, les travailleurs sont devenus de plus en plus riches, ont arrêté de travailler dans le sens premier où on l'entend, et la banque qui porte leur nom, la Banque Hapoalim – Poël signifiant au singulier ouvrier – brasse chaque année des milliards. De fil en aiguille, les gens de gauche se trouvent généralement dans les couches socio-économiques les plus fortunées, et vivent entre autres dans les quartiers de Savion ou de Ramat-Aviv Guimel.

Par la suite, la droite s'est faite le porte-drapeau de la présence juive en Judée-Samarie et Gaza (quand donc sera-t-elle à nouveau libérée?) et a revendiqué l'égalité pour une population souffrant dans certains contextes de discrimination et de grave iniquité, comme lorsque par moments il lui est interdit de construire ou de s'étendre. Les antisémites modernes se réjouissent de cet état de fait et préviennent contre la judéisation du centre de la Palestine juive historique. Comme ce sont des partisans du judenrein, on peut les comprendre, les pauvres.

Un calcul politique simple établit le constat suivant. Attendu que la population juive de Judée-Samarie n'est pas négligeable, surtout dans un contexte politique où la différence entre les blocs gagnant et perdant se joue à quelques voix près ; attendu que de fortes sympathies sont ressenties à son égard dans de larges franges de la population israélienne globale ; et attendu que beaucoup d'Israéliens sont candidats à l'habitat sur les monts de Judée, soit par idéalisme – le peuple se rétablit en ses frontières –, soit par pragmatisme – mieux vaut que la région soit franchement israélienne et qu'elle ne serve pas de bases de lancements de missiles, bombes, terroristes etc. –, soit par motivation économique – dans certaines localités, le logement reste nettement moins exorbitant qu'ailleurs, à moins de cocher toutes les réponses, le combat pour la réinstallation des Juifs dans le cœur de leur patrie multimillénaire et la protection de leurs droits peut bien motiver le choix de faire de cette cause un cheval de bataille, et qu'importe qu'en cas de coup dur ou de pression, bref qu'à l'heure de vérité tout cet engagement n'aura été qu'un leurre.

Plusieurs politiciens s'y sont essayés. Deux d'entre eux ont été à la tête de l'abandon du Sinaï et de Gaza, ce qui a déclenché guerres et attentats meurtriers, tandis qu'un troisième s'oriente selon la force des vents. Nous avons nommé : Netanyahou.

Quelques rafraîchissements de la mémoire s'imposent. Au cours de la campagne électorale de la XIVème Knesset, en 96, Netanyahou a bien insisté sur la place essentielle de Hébron dans l'âme et l'histoire des Juifs. Le gouvernement en place venait, dans ses divers agissements, de céder Jéricho et Gaza (en grande partie), du vivant de Rabin, puis la quasi-totalité des villes des territoires occupés par des non-Juifs, sauf Hébron; quand Pérès faisait cavalier seul. Donc, si on voulait éviter une sombre répétition de l'histoire, et empêcher la cité patriarcale fondatrice de l'Etat Juif où David régna 7 ans avant de passer à Jérusalem, de tomber une fois de plus dans les mains des musulmans, les conséquences du crime de l'été 1929 n'ayant jamais été totalement rectifiées,  il fallait bien entendu voter pour Netanyahou.

Or, ce monsieur, une fois au pouvoir, poursuit la politique de ses prédécesseurs, ce qu'il déclare dès son discours d'investiture. D'aucuns ont voulu y déceler pour se rassurer une tactique politique d'apaisement. Or, il ne rétablit pas les droits aux prêts immobiliers des Juifs de Judée-Samarie, spoliés en 92. Il faudra attendre l'abject attentat antisémite de décembre 1996, où Ita et Ephraïm Zur sont assassinés par des terroristes arabes pour que le Premier ministre comprenne qu'il y a des limites à l'indécence. Dans la foulée, Netanyahou cède à toutes sortes de pressions, et signe les accords de Hébron qui introduisent dans une partie de la cité hébraïque les terroristes de l'Olp. Ils ne sont pas longs à commettre l'attentat dont Chalévet Fès est la victime, assassinée dans son landau par un terroriste arabe muni d'une arme de précision.

Lorsqu'enfin les élections sont anticipées, Netanyahou laisse la place à Ehoud Baraq. Que de désolation et de lamentations dans le camp de la droite. Et pourtant… En avril 2001, le quotidien Yédioth Ha'haronoth révèle que Netanyahou aurait été prêt à céder le Golan à Assad. Il lui aurait proposé en août 98 le Golan sur un plateau d'argent contre un accord de paix global[1]. Il semblerait que ses déboires avec l'électorat aient empêché la réalisation de ce sombre dessein. On n'ose penser à la gêne causée à Israël par la guerre civile syrienne, si les diverses factions armées avaient eu la vue sur le lac de Tibériade.  S'il avait été alors reconduit dans ses fonctions, la méthode déjà rodée à Oslo eût été simple : les pourparlers sont d'abord tenus secrets. Ils se font à l'insu des citoyens. Puis, en grande pompe, on signe un accord historique sous les projecteurs de la Maison Blanche, qui est entériné par toutes sortes d'instances, Onu et autres. Ensuite, il n'y a plus qu'à mettre la pression sur les membres de la Knesset qui votent pour.

Nous retrouvons notre as de la politique à différentes étapes charnières de sa carrière. En 2005, il vote pour l'expulsion des Juifs de Gaza. Il rappellera souvent par la suite qu'il avait averti que ce processus n'allait pas apporter la paix mais amplifier l'état de guerre. A-t-il menti ? Non. L'un n'empêche pas l'autre. Il a averti, tout comme il avait averti de l'importance primordiale de Hébron. Mais sous la pression, on abdique. Les Juifs et les Arabes voulaient Gaza. Qui l'a eue ? Les Arabes. Ont-ils gagné la guerre contre les Juifs pour qu'il ne reste plus la moindre présence juive à Gaza? Que nenni.

Plus tard, un certain Obama est président des Etats-Unis. La même année, toujours en 2009, Netanyahou  – qui a eu toutes les difficultés du monde à se faire réélire notamment à cause d'une propagande féroce contre lui, dans le cadre de laquelle il a été maintes fois rappelé que son maintien ne serait pas vu d'un très bon œil par l'Administration américaine – décrète le gel de la construction pour les Juifs en Judée-Samarie sur une période de dix mois[2]. Contrairement à sa déclaration, l'interdiction s'est étendue à Jérusalem, comme dans le quartier Ramat Shlomo, dont tous les chantiers ont été suspendus.

L'un des arguments clés qu'opposent les partisans inconditionnels de Netanyahou, surtout en ce qui concerne des électeurs de Jérusalem ou des Yichouvim, c'est qu'il incarnerait le moindre mal. Rien n'est moins évident. Tout d'abord, il y a un problème de tactique. Lorsque Pérès et Rabin étaient au pouvoir, leur politique de favoritisme qui jouait contre les Juifs donnait lieu à des manifestations phénoménales, et les accords d'Oslo sont passés de justesse à la Knesset, avec deux parlementaires soudoyés (Séguev et Goldfarb). Les accords de Hébron de Nétanyahou ont provoqué moins de remous, et le vote a avoisiné les 80 parlementaires favorables.   

Nous apporterons ici encore deux comparaisons pour des politiques analogues de la droite et de la gauche, au sujet de la construction. Souvenons-nous d'un Premier ministre qui répondait au nom d'Olmert (anagramme de Mortel pour le mémoriser). Bush avait exigé de lui en insistant très lourdement qu'il bloquât la construction de la ville de Ma'alé Adoumim, sous prétexte qu'elle coupait en deux le futur énième Etat musulman pour l'installation duquel s'agitent bien des chancelleries. Olmert réagit à peu près en ces termes : «Mais vous ne vous rendez pas compte de l'énormité de ce que vous me demandez. Je ne peux pas arrêter la construction à Ma'alé Adoumim. C'est une grande ville en plein essor et ce n'est pas de mon ressort.» Ceci fut néanmoins du ressort de Netanyahou.

Lors du gel de la construction décrété, par la XIIIème Knesset, il n'a été question (excusez du peu) que de ne plus accorder comme nous l'avons vu plus haut de prêts hypothécaires. Si vous aviez déjà obtenu votre prêt, ou si vous aviez vendu ailleurs un appartement et que vous ayez eu de l'argent, vous poursuiviez vos travaux jusqu'à votre installation dans votre nouvelle demeure. Avec Netanyahou, même en pleins travaux, vous avez eu droit à une descente musclée de l'Administration civile.

Rappelons brièvement que la mainmise illégale sur de vastes pans du Néguev par des bédouins, ou encore les émeutes où la haine contre les Juifs a pu se lâcher largement dans les villes dites mixtes, en 2021, remontent à la période du dernier mandat de Netanyahou, avant Beneth et Lapid.

Il est donc incompréhensible que Netanyahou soit encore et toujours considéré comme l'incarnation par excellence de la droite telle que nous l'avons définie en introduction. Si, néanmoins, son dernier mandat a été le témoin d'une importante construction dans les secteurs juifs de Jérusalem et de la Judée-Samarie, il conviendrait peut-être de faire le rapprochement avec l'exercice d'un président américain dont la sympathie pour Israël a été sans précédent, Trump n'ayant pas exercé de pressions sur le gouvernement d'Israël sur ce plan.

Il se peut que chaque échec de Netanyahou, chaque fois qu'il ne renouvelle pas son mandat de Premier ministre, soit annonciateur d'une délivrance pour le pays. A toute chose, malheur est bon (il n'est bien évidemment pas question de faire l'éloge de Baraq ou du tandem Beneth-Lapid). Et de même que Netanyahou a quitté le pouvoir au moment crucial d'une possible reddition face à Assad initiée en 1998, de même son dernier départ nous a épargné un durcissement de la politique inique des restrictions prétendument justifiées par des mesures sanitaires et salutaires, que Netanyahou s'apprêtait à nous imposer en août et septembre 21, dans le cadre de ses petites affaires avec la firme pharmaceutique aux multiples condamnations, amendes, et ordres de retirer des médicaments dangereux. Dans un discours incendiaire, Netanyahou a reproché à Beneth et Lapid d'être des irresponsables, pour ne pas avoir imposé comme lui cette dictature inouïe et hautement préjudiciable.

Dans un contexte international incertain, où on assiste avec effroi à la reprise de la propagande notamment en France en faveur d'une probable réimposition du passeport vaccinal vraisemblablement aux alentours du 1er août, violation manifeste des droits les plus basiques, après une trêve accordée en ce pays pour cause d'élections (moitié moins de cas de covid en juin qu'en avril, période électorale), contexte dans lequel le Parlement européen commande des milliards de doses d'un vaccin inefficace et déclencheur de thromboses, contre une maladie qui a cessé d'être mortelle dès l'apparition du variant omicron, quand de nombreux Etats s'alignent sur les exigences d'une OMS dont les prérogatives prennent le pas sur la souveraineté des Etats, un retour de Netanyahou est loin d'être souhaitable.


mardi 29 mars 2022

Du système politique au Premier ministre, ou de la main au bâton

 


Bennett n'est qu'un symptôme. Le véritable mal, c'est la présence étrangère hostile et le droit de vote dont elle dispose. C'est elle qui arme ces bouchers qui tranchent la gorge à des passants ou à des bébés juifs dans leur sommeil.

Il est clair pour tout un chacun que si un individu en frappe un autre en se servant d'un bâton, l'ennemi de l'agressé n'est pas le bâton, mais la main qui le manie. De la même façon, et certains services sécuritaires l'ont bien compris, la menace iranienne qui plane sur Israël, D. préserve, n'est pas la bombe mais l'ingénieur qui permet de la fabriquer. Certes, dans notre monde nuancé, nous comprenons bien qu'il peut ne pas être inutile de priver l'individu de son bâton ou l'ingénieur de sa bombe. Qu'ils soient désarmés, ils se calmeront. Mais ce ne sera que partie remise.

Pareillement, si la fièvre ou l'inflammation, mettons pulmonaire, peuvent n'être que des symptômes, il n'en demeure pas moins que, même en ne contrant pas le facteur infectieux,  les traiter peut sauver le patient, et l'infection ou le virus n'emporteront pas le malade, de même qu'un agresseur sans bâton ou sans bombe peut ne pas présenter de danger.

Certains services ménagent donc la chèvre et le chou : un jour, ils provoquent une explosion dans un centre atomique ou en affectent ses systèmes informatisés, et, un autre jour, ils en neutralisent l'ingénieur. On peut objecter que l'ingénieur n'est qu'un bâton, et qu'il peut être remplacé, auquel cas un nouveau cerveau doit être greffé au système,  mais la fourmilière en panique devra d'abord se réorganiser. Ça s'appelle une trêve.

Il arrive parfois que l'on mette soi-même en place la main qui s'arrangera pour se procurer le bâton. Ainsi, les accords d'Oslo ont introduits les terroristes de l'Olp et du Fatah, qui se sont équipés de bombes miniaturisées pour attentats-suicides, et le «redéploiement» a maintenu la présence ennemie à Gaza en lui donnant le champ libre et la possibilité en quelques années de se fournir en missiles sophistiqués, dont les progrès ont permis d'aller toujours plus loin : d'abord Sderot, puis Jérusalem ou Tel-Aviv. Dans ce dernier cas, nous nous concentrons sur le bâton : les dômes de (l'âge de) fer permettent d'intercepter à notre grande fierté une bonne partie de ces missiles. Dans le premier cas, il est difficile de s'en prendre à un assassin déjà suicidé. Bien sûr, puisqu'on ne s'intéresse qu'aux bâtons et qu'ils s'autodétruisent et se succèdent. On ne va quand même pas commencer à se dire que le choix d'avoir expulsé spécialement les Juifs de Gaza pour avoir la paix pourrait ne pas avoir été le plus judicieux.

Mais laissons de côté ces paraboles et revenons à notre sujet. A partir du constat selon lequel la situation politique et sécuritaire en Israël est préoccupante, on peut se focaliser uniquement sur le Premier ministre Bennett, le considérer comme un menteur, un traître à la solde de l'ennemi ou, pire, comme un exécutant que l'ennemi fait chanter en poussant toujours plus haut le plafond de ses exigences, dont pour commencer cinquante-trois milliards de rançon exigés pour lui permettre de se hisser aux commandes du pays. Ils seront détournés des caisses de l'Etat, des caisses alimentées par le labeur du contribuable juif, qui déclare ses revenus jusqu'à la dernière agora.

Deux anecdotes en passant étayeront l'assertion qui précède. Première anecdote. Deux frères vivaient dans un village arabe israélien. Le père est arabe, la mère est juive. L'un d'eux revendique son appartenance au peuple d'Israël, adhère à la religion de Moïse et rejoint ses demi-frères du côté maternel. L'autre tente de l'en dissuader : «Là-bas, tu ne vas pas rigoler. Est-ce que tu as la moindre idée des autorisations et des taxes qu'ils payent ne serait-ce que pour fermer un balcon et le transformer en chambre?» Fin de la première anecdote.

Seconde anecdote : Rattrapé par l'Autorité fiscale, je suis sommé de faire une déclaration de patrimoine. Bon. Je réponds à ma convocation. Ayant été mon propre entrepreneur, je présente un maximum de factures et autres reçus : plomberie, installations électriques, chaudière, le carrelage de chez Zéévi. Problème : j'avais délégué un maître d'œuvre juif qui s'était fait seconder par des cousins (c'est ainsi que m'appelait mon boulanger à Paris, dans le passé, qui travaillait en pyjama et en babouches). Aucune preuve de payement de ce côté. Je parle franchement au percepteur. Je mets bien les pieds dans le plat, exprès : «M. le préposé, vous allez voir tout de suite que ce rapport ne comptabilise pas la totalité des frais de construction. Je n'ai pu fournir que les traces de ce que j'ai payé chez des Juifs…» Mon précepteur jette un œil sur les papiers et me coupe manu militari la parole : «C'est très bien, c'est suffisant.» Fin de la seconde anecdote.

Outre les cinquante-trois milliards détournés, les maîtres chanteurs ont exigé non plus que la construction sauvage du secteur arabo-bédouin ne soit pas inquiétée, mais que les raccords qui viennent pirater le réseau d'électricité soient légalisés et améliorés. Alignons-nous sur l'allégation du membre de cette fratrie judéo-arabe, et abondons en sons sens. Si tu vis chez les Juifs, tu vas devoir payer l'électricité, ce qui revient cher, surtout en hiver. Et si tu ne payes pas, ni une, ni deux, on va t'en priver.

A propos! Si vous subissez des chutes de tension, si vous avez dernièrement dû changer trois climatiseurs et une machine à laver, il se pourrait que ce soit à cause de la surcharge provoquée par les embranchements sauvages entre la centrale et votre maison.

Quand on ne veut pas ou ne peut pas lutter contre le crime, il suffit de le légaliser. Ainsi, Bennett et son gouvernement peuvent se targuer de ne pas y être confrontés. Où voyez-vous des hors-la-loi, du détournement de services ou de biens? Tout est légal! Nous sommes le gouvernement de la légalité!

Mais Bennett n'est que le bâton d'une machine inadaptée. Ce bâton est fort de 6 sièges (le parti en totalise 7, en comptant le parlementaire Amikhaï Chikli, le seul qui n'ait pas trahi les engagements électoraux de son parti). Si on traduit ce résultat en note scolaire, ça lui fait 1/20.

Sur les 120 sièges de la Knesset, il est impératif d'en réunir au moins 61 afin de former un gouvernement. 0r, même en comptant le parti Meretz comme juif, bien qu'il ne travaille pas particulièrement pour défendre les intérêts de son peuple, 10 lui échappent : 6 sont dans les mains de la Liste Commune, et 4 de la Liste  Arabe Unifiée. Le parti Meretz, parti qui a la pêche, compte 4 Juifs sur 6 postes. Bref, les Juifs n'ont plus entre leurs mains que 108 sièges, sinon moins, sur les 120 que totalise son parlement.

Or, si l'idée première de la souveraineté de l'Etat Juif pouvait encore être effective, dans l'état actuel des choses, 55 élus auraient dû suffire pour former le gouvernement. Dans le cas contraire, il perd son droit de diriger lui-même son pays. Le pouvoir du peuple (démocratie), juif en l'occurrence, ne peut s'exercer.

D'aucuns rétorqueront outrés que les propos qui précèdent sonnent comme du racisme. N'avons-nous pas tous été bercés par la fameuse injonction : «sans distinction de race et de religion»? D'autant que nous avons connu ce statut de minorité, jadis étrangers en Égypte et plus récemment citoyens à part entière en France.

Oui, mais voilà. Nous n'avons jamais eu de velléités prédatrices à l'encontre de nos pays d'accueil ou d'infortune. Nous avons systématiquement pensé au bien de notre pays d'adoption tout autant qu'à notre état minoritaire potentiellement précaire, en ces années glorieuses. Il n'y avait pas de contradiction. Au contraire, une France équitable et prospère allait de pair avec notre propre sécurité.

A l'instar des Français de souche, nous votions à gauche, à droite ou au centre, motivés par les mêmes préoccupations que ces derniers : le bien commun. De ce fait, nos voix se répartissaient comme un calque copiant les préférences des autres votants. Le pourcentage des intentions de vote chez les Juifs était pour ainsi dire l'indicateur du celui des autres Français. Ici, en Israël, a contrario, la masse imposante qui ne s'inscrit pas dans la nation d'Israël vote de façon monolithique, et revendique avec arrogance la haine du peuple juif et de la vocation de son pays. Les Arabes triés sur le volet, élogieux pour le pays d'Israël, où leur situation est bien plus heureuse que partout dans le monde qui porte leur nom, sont l'exception qui confirme la règle : par exemple, des deux sœurs Zouabi, ce n'était pas celle qui exprimait son bonheur et sa reconnaissance qui siégeait à la Knesset, mais bien celle qui injuriait, menaçait et portait ombrage à notre pays. C'est elle qui avait derrière elle des dizaines de milliers d'électeurs de son secteur. De la même façon, plus une nation, pendant la deuxième Guerre mondiale, comptait de justes parmi les nations, prêts à protéger des Juifs, plus cette nation s'est montrée cruelle envers les Juifs.

Et puis, trop chercher à se faire bien voir pourrait être dangereux. Nous nous sommes encore une fois trop souvent laissé berner par l'illusion de cette absence de différence de race et de religion. Comment? Nous serions discriminés et discrédités dans un pays qui pas plus tard qu'en 1936, avait avec Blum Léon un Juif à la tête de l'exécutif? Ou dans un autre pays, l'Allemagne, qui octroya l'égalité des droits en 1869? Et pourtant. Si nous n'y prenons pas garde, nous pourrions passer d'un Etat dont le Premier ministre et son peuple se font racketter à un pays où nos racketteurs pourraient à la longue se passer de notre présence, comme ils ne se gênent pas de le montrer dans les villes sans Juifs de la terre d'Israël, que ces villes aient ou non la nationalité israélienne.  Cette nationalité attribuée d'office de change pas un ennemi en un néo-Juif.

S'aveugler et s'obliger à penser que l'origine identitaire et nationale de notre dirigeant serait sans importance, qu'il puisse indifféremment être juif ou arabe ; s'étrangler en hurlant qu'il n'y aurait pas de différence entre un enfant juif et un autre ukrainien, non pas à l'endroit de sa souffrance mais en s'appuyant sur cette absence de différence pour faire de ce dernier un citoyen d'Israël qui, à la longue, risque de nous imposer une importation d'une haine antijuive séculaire momentanément reléguée en arrière-plan, surtout quand on pense que «l'enfant» en question n'est qu'une image métonymique, qu'il sert juste de pâte blanche, de sabot fendu, introduit le premier sur la place avant de remettre en question la majorité juive du pays, c'est de l'inconscience, ou de la mémoire courte. Non, si racisme il y a, ce serait un racisme d'un genre inédit : un racisme contre les antisémites, remodelés en une nouvelle race.

Comme on peut l'entendre dire ces temps-ci, il existe un nationalisme positif, noble et défendable, pour lequel il sied de prendre les armes. Si cette notion est mise en valeur par l'air du temps, c'est au nationalisme juif qu'elle doit s'appliquer, le seul capable de garantir que le Juif ne sera plus remis en situation de minorité martyrisable et persécutable à souhait. Car c'est bien par manque de nationalisme juif que l'impensable peut devenir routine, quand l'antisémitisme peut frapper jusque dans les rues d'Israël.

 Car, comme le disait Desproges, la population se répartit en deux catégories : les Juifs et les antisémites. Le Juif doit être vigilant, défendre son nationalisme et la persistance de son droit à l'autodétermination, sans se laisser aller à un angélisme photogénique autant que décadent. Nous avons évoqué cette haine flagrante que produit sans relâche par ses bourreaux et bouchers la forte population hostile présente sur le sol d'Israël. Mais il existe une autre menace, latente. Qui se souvient de la forte proportion d'immigrants non-juifs arrivés en Israël suite au démantèlement de l'Urss?   Si elle ne s'exprime ni par les bombes ni par les missiles, elle est néanmoins représentée par le dirigeant politique Liebermann.

L'un des premières mesures adoptées par ce dernier, suite à son accession au gouvernement, a consisté à retirer aux familles religieuses les aides qui permettaient aux parents de travailler et étudier la Torah, garante de la pérennité de notre peuple, conjointement. Peu lui importe que cette mesure sociale fût redistribuée à des contribuables. Elle l'irritait de manière inversement proportionnelle à la complaisance ressentie à l'égard du piratage de l'électricité évoqué plus haut.

Avant Bennett, la gente politique observait un modus vivendi tacite, disant à peu près ceci : nous devons former une coalition dans le cadre des sièges que nous conservons entre nos mains et, s'il faut néanmoins réunir 61 parlementaires, cela se fera sans les partis aux vocations hostiles affichées, quitte à devoir subir des élections répétées, qui sont le prix à payer dans les conditions présentes pour la préservation de notre souveraineté. Un gouvernement minoritaire ne servira jamais les intérêts du peuple juif. A ce système problématique en embuscade, la main, il ne manquait que le bâton : Bennett.

 

 

 

 

lundi 11 décembre 2017

Les pogroms contre les enfants juifs sont condamnables, sauf si…


L'antisémitisme légal, quand les pogroms n'en portent plus le nom
Il existe des données de bases similaires qui impliquent logiquement la répétition d'un unique raisonnement, mais qui dans la (triste) réalité impliquent le tout et son contraire.
Je voudrais aborder ici une question fondamentale qui se rapporte au traitement inéquitable de la haine contre les Juifs, selon sa provenance.
Lorsque nous parcourons les titres de la presse, des journaux ou les chroniques et les livres d'histoire, tout au moins en ce qui concerne les soixante-dix à cent dernières années, nous relevons que les crimes antisémites sont présentés différemment selon qu'ils soient ou aient été perpétrés par des Européens ou par des Arabes. «Untel, fusillé ou exécuté par les Allemands ou par la Milice». «Untel, mort dans un attentat terroriste». Les listes de victimes du nazisme portent pour chaque nom la mention acrostiche hébraïque הי"ד : «Que D. venge son sang» tandis que pour les assassinés par les Arabes ou l'islam, il est mentionné ז"ל : «que son souvenir soit bénédiction». Cette distinction n'est ni fortuite ni hasardeuse. Elle est systématique. Et s'il reste néanmoins envisageable que certains lecteurs aient pu ne pas y prêter attention, il ne pourra plus à partir de cet instant où il vient d'en être avisé ne pas être frappé par ce phénomène hégémonique.
Tout mal commence par des mots, et on ne pourra dire qu'il ne faut pas se formaliser pour ce qui vient d'être dit. J'ai tenté sur les réseaux sociaux une petite expérience. J'ai d'abord émis l'hypothèse qu'il ne faut pas chercher la petite bête, puisque les indicateurs de dépêches ne sont pas des férus de littérature, et qu'ils disposent d'un vocabulaire limité et surtout d'une liste de phrases savantes formatées par un cerveau extrinsèque et prémâchées par eux. Le choix pour le journaliste de corvée de la dépêche de circonstance s'impose comme la résultante d'un aiguillage qui oriente vers leur cerveau par un éventail réduit de réflexes conditionnés l'association voulue entre l'événement constaté et la ligne du texte en adéquation du dépanneur linguistique.
Il n'est pas question ici de les tourner en dérision, mais les journalistes de terrain sont suffisamment débordés et selon le cas en danger pour se mettre à raisonner comme s'ils se trouvaient dans un salon littéraire, ou penchés sur leur cahier. De plus, dès que le premier a lancé sa dépêche, elle est reprise en l'état par tous les médias qui en font l'écho, et elle est retranscrite dans toutes les langues. C'est donc l'innocence supposée de ce travail que ladite expérience tente de vérifier. Elle est très simple. Il suffit d'écrire : «Un bébé juif assassiné dans les bras de sa mère par un Arabe sur le quai d'une station de tramway» ; «Un père et une mère juifs fusillés par les Arabes sous les yeux de leurs enfants». «Une famille juive égorgée par les Arabes dans la quiétude de son foyer». Ce n'est qu'un échantillon de faits réels dont le monde s'est fort peu ému, tirée de la très longue liste des pires attentats antisémites contemporains.
Certes, les personnes sensées qui partagent cette vision non édulcorée de la réalité existent, et elles sont bien plus nombreuses qu'on ne le pense, mais les réactions que j'attendais mais dont il fallait que je sois certain de leur réalité n'ont pas tardé à fuser. Très brièvement, l'argumentaire défendait qu'il ne fallait pas mettre tout le monde dans le même sac, qu'il y a des Arabes très favorables à Israël, qu'il ne faut pas blesser les sensibilités etc.
Même sans réfuter cet argument qui résulte d'une recherche éventuelle à la loupe d'une rose photographiée à l'aide d'un microscope à balayage électronique dans un champ d'orties – puisque les urnes électorales parlent vrai et que les sentiments haineux des députés arabes de la Knesset profitent de la liberté d'expression en dépassant largement la dose prescrite mais non proscrite les concernant, de sorte qu'il ne reste pas de place au doute – c'est-à-dire que même en voulant le prendre pour vrai, n'y avait-il pas des Allemands qui réprouvaient le nazisme, ayant compté parmi les justes des nations qui ont risqué leur vie pour protéger des Juifs? Les défenseurs des deux poids deux mesures vont lanceront alors leur dernier mots, celui qui vient tout relativiser : «Oui, mais c'est pas pareil.»
Mais en quoi est-ce que ce n'est pas pareil?
Effectivement, ce n'est pas pareil. Le nazisme, acrostiche de nationalisme et socialisme, soit dit en passant, le pétainisme, le déicisme, pourquoi ce mot n'e fait-il pas partie du vocabulaire du correcteur ? Et ainsi de suite, sont autant de visages d'une même bête immonde. L'islamisme est le chouchou de cette liste, pour la bonne raison qu'il n'y figure pas. Encore plus fort : il est protégé par la terreur de la pensée, et qui le dénoncera sera pourchassé par une nouvelle milice d'Etat. Elle porte en France la bannière de l'islamophobie, drapeau rouge qui sera brandi sous les yeux de qui osera la montrer du doigt.
Et c'est pareil en Israël, à la différence près que la caricature n'est pas allé si loin, puisqu'il n'a pas été inventé de terme en hébreu pour faire peur aux gens, et que l'on y est resté à l'accusation moins sophistiquée de «racisme», qui n'est en l'occurrence que l'absurde dénonciation de l'aversion du Juif contre ce qui le hait. Donc, généralement, il existe une forme et une seule d'antisémitisme défendue par les autorités.
Il y a un hic, un blocage dans le raisonnement
Or, bien que le mensonge semble reculer et les cerveaux se dessiller, puisque l'opinion admet de plus en plus facilement que l'antisionisme est une forme ma déguisée d'antisémitisme, logique que revendiquent avec courage de plus en plus de politiciens du monde libre (si j'ose dire), il y a quelque chose qui bloque dans le raisonnement, qui n'est pas sans rappeler le cancre importuné par son professeur qui lui demande : «Allons, mon petit Toto, combien ça fait un et un?» Un attentat à la rue des Rosiers est antisémite même s'il est motivé par la «solidarité avec la "Palestine"». Et un attentat à Tel-Aviv? «Hein, mon petit Toto, comment ça s'appelle un attentat perpétré contre des Juifs au Delphinarium de la rue Hayarkon. Allons, Toto.»
Eh oui, ce n'est pas pareil. Les nazis sont recherchés jusqu'au bout du monde. On remuera la planète entière, à juste titre bien sûr… on ira en Argentine chercher Mengele, en Syrie sur les pas d'Alois Brunner, on amènera pieds et poings liés Eichmann ou Demjanjuk, tous ces nazis démoniaques qui avaient réussi lors de la défaite de l'Axe à échapper à leur procès. Mais on encensera Barghouti, honorera Arafat, Habash ou Abbas.
Les monstres de l'Europe doivent être pourchassés, la morale humaine ne saurait accepter leur impunité, et des hommes déterminés et infatigables, à l'instar du couple Klarsfeld, ne s'accordera aucun répit tant que justice ne sera pas faite. Et pour d'autres, non moins dangereux pour la paix publique et la protection des innocents, on se placera aux antipodes de ce qui va pourtant de soi. La signature des accords d'Oslo a été couverte par un grand tapage médiatique.
«C'est avec ses ennemis qu'on fait la paix». «Aimez-vous les uns les autres, oubliez les vieilles rancunes». Nous viendrait-il à l'idée d'oublier les vieilles rancunes contre les nazis en fuite, de faire table rase? Il est vrai que leur âge moyen frise la centaine, mais ce n'est qu'une question pratique. L'éthique ne saurait admettre cette impunité, et elle continuera à la considérer comme inadmissible même dans deux cents ans, tout comme le génocide arménien ne saurait être passé sous silence, bien que les assassins friseraient aujourd'hui l'âge de cent cinquante ans. Mais là, non seulement on nous demande d'oublier les vieilles rancunes, mais de ne pas nous formaliser pour les nouvelles. Les accords d'Oslo, l'introduction dans la bergerie d'Arafat et de ses sbires, puis le maintien de ses successeurs, ont semé la guerre non plus sur le front mais à l'intérieur des villes, dans les rues, les cafés, les maisons, et personne ne s'insurge réellement contre les ravages de cette forme de haine du Juif.
Il est vrai que cette aberration n'est pas née d'hier. D'entre les criminels de guerre jugés au cours du procès de Nuremberg puis condamnés, le seul de leur complice ayant bénéficié d'une protection d'Etat en Europe fut le mufti Husseini, protégé puis soustrait à la justice par la France, qui couvrit par la suite le départ d'Arafat de Beyrouth.
Les excuses que la (mauvaise) conscience accorde aux tueurs de Juifs, quand ces tueurs sont des adeptes de l'islam, sont démenties par la violence abjecte de leurs crimes. Les motivations d'inspiration arabo-musulmane se situent dans un no man's land. Elles sont une valise diplomatique de contenance illimitée où s'entassent toutes les formes anciennes de la haine contre les Juifs.
Et c'est ainsi qu'en dépit de principes moraux défendus entre autres par trois révolutions françaises, on admet qu'un bébé juif soit assassinée dans les bras de sa mère à une station de tram. Des gens très humains, avenants, paisibles au possible, agissent par désespoir, exaspérés par les Juifs qui éveillent la bête humaine qui sommeille dans les tréfonds d'une hérédité tenace et ancrée jusque chez le représentant le plus pacifique de l'espèce humaine. En d'autres termes, les Juifs l'ont bien cherché.
Tout comme ils le cherchaient bien quand les Croisés et autres Inquisiteurs  que la morale aujourd'hui condamne les châtiaient de leur témérité. Ils défendaient pourtant de profondes valeurs chrétiennes lorsqu'ils passaient au fil de leur épée les communautés de Worms ou de Navarre.
Les allégations contemporaines ne valent pas mieux. Car l'Argument avec un grand A, la si hérétique «Occupation» reprochée à Israël, chère aux grincheux automatisés, si roborative et valorisante, rivalise par son ineptie avec les motifs fautifs et les prétextes fallacieux d'antan. L'Olp, dont le l libérateur des haines frustrées est l'adoucissant d'un e exterminatoire,  a été fabriquée en 1964, soit trois ans avant la guerre de 67, marquée par la reprise par Israël du cœur de son berceau territorial, et l'on ment ouvertement depuis cinquante ans en nous faisant croire que c'est à la Judée-Samarie qu'ils en voudraient. Que l'on ne nous parle pas de «Cisjordanie», car nous pourrions revendiquer pour notre part le «Trans-Israël».
En remontant un peu plus loin, on nous dit que la création de l'Etat d'Israël en 1948 est la raison de la colère d'un monde arabe pourtant si inoffensif. Et que faire alors des pogroms de 1929 et de 1936? Ah, c'était à cause de Balfour et de San Remo, puisque 1917 et 20, c'était avant. Et que dire de la tentative ottomane de confisquer toutes les armes des Juifs de Palestine pendant la première guerre Mondiale, au moment-même où les Ottomans avides de sang massacraient systématiquement les Arméniens? Ils ont fait quoi les Juifs, avant 1914? Quant à l'octroi de la nationalité israélienne et à l'égalité des droits à des ennemis malencontreusement pris pour des ex, elle n'a rien fait. Les terribles incendies qui ont ravagé la région de Haïfa et de Jérusalem ont été allumés par des Arabes israéliens. L'octroi de la nationalité n'est pas, comme on peut le constater, une conversion à la cause d'Israël, et encore moins au judaïsme. Les derniers attentats sur le mont du Temple ont eux aussi été perpétrés par des Arabes israéliens.
Vouloir éloigner l'ennemi est une opinion dangereuse
Les observateurs politiques qui ont envisagé que la meilleure paix possible ne se ferait qu'en éloignant les populations ennemis, véritable terreau qui produit continuellement des tueurs de Juifs, ont été assassinés par les Arabes. Le Rav Kahana et Rehavam Zéevi n'ont pas pu faire valoir ce point de vue, bien que la réalité leur ait donné raison.  Du coup, plus personne aujourd'hui n'ose prononcer le nom de cette menace. Tout au plus, on revendiquera le droit des Juifs à vivre sur toute la terre d'Israël, sur toute la Palestine historique, patrie du peuple juif. Mais les revendications les plus courageuses occulteront avec beaucoup de précautions le fait que tant que Ramallah ou Oum-El-Fahem continueront à imposer leur présence, il y aura sur cette terre des régions interdites aux Juifs.
Et flatter les antijuifs en Israël par solidarité avec les Juifs de l'étranger?
J'ai parlé et discuté longuement avec des militants et politiciens de partis comme le Mapam, Rats, ou le Ma'arakh, dont le dernier est connu à l'étranger sous la dénomination de parti travailliste. Les formations politiques ont vécu des remaniements depuis. Mais, puisque les accords d'Oslo n'avaient pas encore été tentés, le débat portait sur deux points.
 Le premier, c'est que le peuple juif n'a pas souffert presque de deux mille ans d'exil pour faire cadeau de sa terre à son retour au premier venu. Un consensus voulait que toutes les factions politiques s'accordassent sur le lien d'appartenance entre le peuple d'Israël et la terre d'Israël. Nous avons eu droit, un ami et moi, à une réaction indignée de la part du célèbre Yossi Sarid, lorsqu'on lui a annoncé qu'on avait appris qu'il se serait déclaré prêt à ramener les frontières aux portes de Jérusalem.
C'est donc de ce consensus qu'est né le concept des «concessions douloureuses». Les partisans des cadeaux aux ennemis arguaient qu'ils préféraient ne garder qu'une partie de leur bien et vivre en paix ; à en garder la totalité et être toujours en guerre. Il fallait par conséquent leur expliquer leur erreur en relevant l'incohérence de leur équation et de leur en faire prendre conscience. L'argumentation consistait à dire que plus on leur accorderait de cadeaux, plus ils seraient gourmands, et moins ils seraient conciliants, persuadés qu'ils seraient de gagner par étape une guerre psychologique.
Et c'est à partir de là qu'est né le reproche qui nous a été adressé par la suite: «Comment, vous, défenseurs de la légitimité de la souveraineté d'Israël sur sa terre, vous osez la justifier par des arguments sécuritaires??? Alors que D. a créé la terre entière et accordé cette portion de terre à Abraham, Isaac, Jacob et leur postérité???» C'était au départ sortir la question de son contexte, bien que certains défenseurs eussent oublié à leur tour ce contexte.
Et que nous a-t-on répondu à l'argument sécuritaire, du cauchemar et des chantages à n'en plus finir qui s'ensuivraient? Eh bien, contre toute attente, à part quelques sombres illuminés qui croyaient à la paix – ou plus précisément en la paix – avec les ennemis comme en un dogme mystique – «Je veux croire que cela marchera», m'avait-on dit parfois – les plus avisés étaient d'accord sur le fond. Mais ils ont arboré un argument original, révélant les dessous de l'illogisme de leur démarche.
«Nous ne sommes pas seuls au monde. Nous pourrions en effet nous débarrasser en très peu de temps de cette menace permanente. Il n'y aurait plus d'attentats dans le pays. Mais il faut penser aussi aux communautés juives de l'étranger. Nous ne saurions les livrer à des représailles de masses qui n'attendent que ça, de gens sans scrupules, qui se vengeraient lâchement sur eux... et pas seulement dans les pays arabes. Je doute notamment que la France soit capable ou motivée pour défendre ses Juifs des organisations terroristes arabes.» Ce célèbre argument de la gauche locale est moins connu.
Amadouer les antijuifs en Israël rend légitime le même antijudaïsme en Europe
Il fallait donc redéfinir la problématique, et surtout ne pas agiter les démons de l'antisémitisme. Non, il fallait coûte que coûte cacher la vérité et ramener l'équation au cas classique d'un différend territorial entre deux nationalités, la juive et la pan-arabique. Il fallait aussi interpréter de mille et une façon le cri de haine qui motivait le crime, et qui était bien plus couramment «Egorgeons le Juif» que le fameux «Allah est grand» auquel se sont familiarisées de nos jours les démocraties occidentales et les capitales européennes.
Et c'est cette logique de minimisation de l'extrême gravité de la recrudescence des assassinats antisémites, phénomène d'autant plus alarmant qu'il se manifeste là où le Juif vit enfin sur sa terre et dans son pays, qui non seulement n'a pas épargné les communautés juives de l'étranger en voie accélérée d'extinction, mais qui a d'une certaine manière mis hors de cause l'antisémitisme musulman, là-bas en Europe. Et c'est bien entendu par ruse, par profit de l'occasion, que des dirigeants gouvernementaux ont ri sous cape et feint de ne voir qu'une «importation de conflit», là où les agressions contre les Juifs ont grimpé en flèche. «Allez chahuter ailleurs», quand les agressions à sens unique ont obligé les Juifs à se retrancher ou à quitter les banlieues ou tout simplement la France et l'Europe, cependant que l'antisémitisme sous ses «formes classiques» était toujours aussi sévèrement jugulé. C'est peut-être pour cela que la conversion à l'islam est tellement tentante, puisque vous pourrez alors donner libre cours à vos sentiments refoulés.
Le plus étonnant, c'est que des voix s'élèvent en Israël pour exiger de l'Europe qu'elle lutte contre l'antisémitisme motivé par l'islam. Il faudrait peut-être tout d'abord à cet effet que l'on reconnaisse le caractère antijuif primaire de la haine ressentie par les pseudo-Palestiniens, dont l'appellation est le tampon encreur casher de cette haine. Reconnaître qu'ils ne cherchent pas à obtenir un énième Etat musulman arabophone, mais à nous prendre le nôtre pour en faire un désert, il n'y a rien de plus salutaire.
Mais le mal est profond. Dans quelle région du monde est-il admissible qu'un groupe de non-Juifs se rassemblent et se mettent en marche dans l'intention de tuer des enfants juifs? Je vous le donne en mille. Comme je l'exposai plus haut, aucun média n'a titré : «Un pogrom contre des enfants juifs miraculeusement neutralisé». Non, le 30 novembre dernier, pour ceux qui ont relayé l'information, «des enfants ont été attaqués, un "Palestinien" a été tué par un accompagnateur sécuritaire.» Les enfants ne sont pas juifs, ils n'ont été attaqués par personne, ou peut-être par x, et l'appellation forgée par le narratif de la légitimation de la haine est dans le titre. Ce n'est pas encore gagné.
Mais la pérennité d'Israël ne sera pas démentie, et il sera délivré en dépit du manque de volonté et de conviction de ses dirigeants, tout comme Jérusalem a été libérée sans qu'aucun parti politique ne l'exigeât, et encore moins le gouvernement. Israël récupérera son pays, envers et contre tout, et D. fera seul les miracles, si Israël ne veut plus y prendre part. La guerre des Six jours a été gagnée miraculeusement, c'est indéniable, mais le leadership israélien y a été pour quelque chose ; par contre, concernant la guerre de Kippour, où, bien que l'effet de surprise a été démenti par la levée de la censure, quarante ans après les faits, la direction politique a accordé une vague de permissions sans précédent, dégarnissant les frontières. Et pourtant, Israël a repoussé son ennemi. Israël vaincra, qu'il le veuille ou non,  bé-ezrath Hachem.

Yéochoua Sultan ©   

dimanche 26 novembre 2017

Des rapprochements avec l'Arabie

Certains voient dans le rapprochement secret (sic cf. les médias) l'éclatement de l'avènement des temps messianiques. Ils n'ont pas tout à fait tort, sauf qu'ils risquent de se mélanger les pinceaux, car s'il peut s'agir de prédictions prophétiques, le cas serait moins à mettre en relation avec "de leurs épées ils forgeront des charrues" ou "le loup séjournera avec le mouton et la panthère paîtra avec le chevreau" qu'avec "forgez vos socs de charrue en épées et vos serpettes en lances" ou "et ce fléau venu du Nord, je l'éloignerai de vous" (Joël 4, 9-20).
Comment? Ce pays qui lance régulièrement des cris d'alarme en raison du trop faible effectif de bourreaux qualifiés, deviendrait d'un coup, comme par enchantement, l'un des alliés d'Israël?
Il ne peut y avoir ici tout au plus qu'une convergence d'intérêts tactique aussi brève que l'illusion de l'inscription de Vénus au centre du croissant de lune, autant pour eux que pour nous. N'oublions pas qu'ils ont dans leurs tiroirs un "plan de paix" qui renie aux Juifs du droit à la souveraineté sur le berceau de leur histoire à un simple pèlerinage subreptice.
Les Saoudiens à la riche tirelire s'attirent l'ire des voisins aux suffixes en ir , un jour, c'est l'Irak, un autre c'est l'Iran. Et cette Arabie oxydante antioccidentale se paie des alliés parmi les plus inattendus.
Un jour, c'est l'Amérique qui traverse la planète pour se battre contre l'Irak, un autre elle ferait travailler pour elle Israël?
Mais attention, une fois le service rendu, l'allié inattendu redevient le pire ennemi, et il faut le prouver au monde musulman. Or, si les 15 Saoudiens sur 19 terroristes des attentats du onze novembre n'étaient que des dissidents ou éléments marginaux pour ceux qui se sont entêtés à voir en l'Arabie un allié qui ne le fut que brièvement et très modérément, Israël doit a fortiori se méfier de tels ressortissants saoudiens, puisque l'Arabie, c'est juste à face, sur la droite en se tenant debout, le dos à Eilat.

Mais "sur le mont Sion et dans Jérusalem, le salut sera assuré" (Joël 3, 5).

dimanche 12 novembre 2017

Des progrès en Arabie contre la corruption? Je me disais aussi

Au début du mois de novembre, une information incroyable nous est parvenue en direct d'Arabie Séoudite. Le prince Héritier se serait en effet lancé dans une croisade de purification du pouvoir, jusque là dans les mains de diverses tendances qui prenaient toujours leurs décisions au terme de discussions, d'influences et pour ainsi dire selon la majorité. En termes plus manichéens, on avait une sorte de débat qui rappelle celui des régimes démocratiques, quand les influents échangeaient entre eux des mots critiques.
M. ben Salman, donc, a pris les devants pour une purge sans précédent. Une vague d'arrestations, de meurtres et de fuites vers l'Iran s'est ensuivie. Le plus étonnant et invraisemblable, c'est qu'il aurait agi au nom de la lutte contre les rouages corrompus de son pays. Les personnes inquiétées sont aussi bien des princes que des hommes d'affaires influents, qui tenaient jusque là les rênes du pouvoir. Certains étaient même versés dans la finance internationale.
D'aucuns se sont dit : enfin, le pays des coupeurs de têtes se met à émerger, c'est pas trop tôt. D'autres ont trouvé l'affaire tellement hallucinante qu'ils ont pensé que l'interprétation de ce qui se passe outre-désert est soit une erreur, soit une mauvaise farce. Or, vu que le site qui est souvent le premier à nous dire ce qu'il se passe au Moyen-Orient bien avant les autres, le seul à avoir prémonitoirement mis un sérieux bémol au printemps arabe, j'ai nommé Debka, se trompe rarement, j'ai décidé d'aller y jeter un œil.

Il semble en effet que le partage du pouvoir soit une donnée inconnue en ces contrées, et que ce qui gênait ce roitelet n'était pas tant la corruption que cette espèce de frein à la dictature monarchique.

vendredi 3 novembre 2017

Foi ou athéisme, ou comment les mêmes observations conduisent à des idéologies conflictuelles

L'histoire ou la face cachée
Un vent puissant, une inondation, une déclaration politique… autant d'événements qui peuvent être rattachés ou détachés de la volonté du Créateur.
Deux angles opposés et de même sommet s'affrontent dans l'appréhension du cosmos et de tout ce qu'il contient : le religieux et le laïc. Le premier attribue des forces supranaturelles, transcendantales, à la création. Le second explique tout scientifiquement, rationnellement, et ce qu'il ne parvient pas à résoudre, il a bon espoir d'y parvenir un jour. Nous allons nous interroger sur les principes de dichotomie ou de compatibilité entre la foi et le cartésien. .
Le superstitieux et le rationnel
Un volcan entre en éruption. Une peuplade primitive vit en-dessous de lui, dans la plaine. Elle humanise le volcan, lui prête des intentions, de la colère. Elle s'en remet à sa clémence, sa bonté. Ses notables déposent des offrandes, des simples oranges aux sacrifices humains, pour l'apaiser. Que le volcan cesse de gronder, et ils attribueront cette annulation du funeste décret à leur intervention. Le scientifique sourit, et peut leur expliquer, si seulement ils sont prêts à l'écouter, les phénomènes tectoniques sous-jacents, les faiblesses et les failles de la croute terrestre, le magma qui sommeille en-dessous.  
Récemment encore, chez les Papous, on se livrait au cannibalisme. Ça n'avait rien de méchant ; au contraire, on montrait en consommant la chair fumée des chers disparus combien on les aimait. D'ailleurs, tout le monde n'avait pas droit à ce privilège, seulement les plus proches, et un rituel précis prévoyait la répartition des membres du défunt à ceux de la famille. Ainsi, dans une contrée de l'Est de la Nouvelle-Guinée, chez les tribus Foré,  alors colonie britannique, beaucoup mouraient, frappés par le kuru. Deux groupes se livraient une guerre acharnée, s'accusant mutuellement de dispenser généreusement des malédictions à l'autre camp. Le kuru, qui faisait perdre au malade le sens de l'équilibre, sa lucidité, son appétit, provoquait aussi des tremblements dont l'origine remontait sans coup férir à des pratiques de sorcellerie. La maladie a été comparée à celle de la vache folle ou plus exactement dans leur cas au syndrome de Creutzfeldt-Jakob. Et pourtant, impossible de conjurer le mauvais sort. Les Anglais, garants de la civilisation et de ses valeurs, ont interdit le cannibalisme, et, pour se faire obéir, ils ont désignés des surveillants locaux. De la sorte, cette pratique a pris fin. Simultanément, par extraordinaire, alors que les recherches de médecins européens ayant vécu longtemps au milieu des Papous n'ont pratiquement rien donné, bien qu'ils soient allés jusqu'à mettre en confiance un chef pour qu'il les laissât prélever un échantillon de cerveau d'une jeune victime, afin de l'inoculer à des bonobos et de constater que, de cette manière, le mal était contagieux, la maladie disparut comme par enchantement.
Nous pourrions conclure que, s'étant humanisés, ils obtinrent une bénédiction du Ciel qui leur accorda la grâce et la guérison miraculeuse. On peut dire aussi que la consommation des cellules malades et contagieuses des défunts ayant pris fin, les jeunes papous comme les vieux ont tout simplement arrêté de se contaminer.
Mais l'un empêche-t-il l'autre?
Expliquons-nous. Il est effectivement facile de s'accorder le beau rôle du scientifisme et de l'athéisme en se mesurant à des superstitieux, à des gens qui se réfèrent à mille et un dieux, qu'ils soient sophistiqués comme ceux de l'Olympe ou plus bruts, impliquant la déification de chaque élément, montagne, torrent, soleil, et à plus forte raison les éléments frappants l'imagination ou frappants tout court comme les volcans, les tsunamis, les éclairs et le tonnerre... Mais il est peut-être moins aisé de s'attaquer au véritable monothéisme, celui des Hébreux devenus Juifs et témoins de la Révélation. Car qui a dit qu'un phénomène naturel explicable scientifiquement n'est pas en soi l'émissaire qui vient exécuter la sentence divine?
Une difficulté majeure se retrouve dès qu'il est question de châtier les créatures, quand leur sort est irréversiblement scellé. Nous nous arrêterons succinctement sur trois événements bibliques significatifs. La génération dite du déluge, la plaie des sauterelles et l'anéantissement de l'armée pharaonique dans les eaux de la mer des Joncs. Si nous partons du principe que l'Eternel a non seulement créé les cieux, la terre, etc., mais que de surcroît il en maintient à tout instant l'existence, pourquoi ses décrets sont-ils réalisés par les voies naturelles? Au lieu de retirer la vie à la génération de Noé, comme il le fit en ne restituant pas leurs âmes aux soldats de Sennachérib assiégeant Jérusalem sous le règne d'Ézéchias, nous constatons en lisant simplement le texte qu'il faut d'abord quarante jours de pluies, puis une deuxième période équivalente pour que les montagnes les plus hautes soient submergées, et enfin une dernière pour que le niveau redescende. Pour la plaie des sauterelles, le texte est explicite : c'est un vent qui les apporte, et c'est encore un vent qui les emporte. Quant à l'ouverture de la mer, il est bien précisé qu'un vent puissant a soufflé toute la nuit précédente. Donc, tous ces phénomènes peuvent être expliqués scientifiquement : la pluie, l'inondation, la tempête, un phénomène ponctuel de marée basse…
Les sources racontent que Titus avait bien compris le principe. Dieu se sert des éléments pour exécuter ses décrets. Après la destruction du Temple, Titus prend la mer. Elle commence à s'agiter. Il défie le Créateur. «Bien sûr, tu ne te sens fort que sur l'eau. Tu es bien moins efficient sur la terre ferme.» La mer redevient calme. Puis un insecte ailé s'introduit dans la narine de Titus, se loge dans ses sinus et bourdonne. Impossible de l'en extraire. Le supplice se fait de plus en plus insoutenable, et ce n'est qu'en se tenant près d'un forgeron qui frappe le métal que Titus peut ressentir un soulagement. A sa mort, on retira de son cerveau un énorme moustique. Quel entomologiste zélé nous donnera le nom de ce nématocère? Car voici encore un phénomène qui peut s'expliquer rationnellement.
Dans ce contexte, un autre phénomène remarquable met en scène les éléments naturels. D'ailleurs  il nous ramène une fois de plus au thème du volcan. Pompéi est bien connue, moins qu'Herculanum, Oplontis ou Stables. Ces quatre imposantes cités romaines de Campanie ont été détruites en quelques heures par un feu tombé du ciel, soit par l'éruption du Vésuve, plus rationnellement parlant. Cette brutale disparition de villes entières n'est pas sans rappeler les quatre villes dont la culture générale a surtout retenu les noms de Sodome et Gomorrhe. Dans les deux cas, les cites sont restés dans leur état de désolation. Le plus fort, c'est qu'à Pompéi, si jamais on chercherait à remettre en question cet événement, des fouilles ont permis de retrouver les habitants de la ville  dans le feu de l'action, si l'on peut dire, dans ce à quoi ils étaient occupés au moment où la pluie incandescente les a surpris. C'est à Pompéi que vivaient les dirigeants romains, le gratin d'une société qui n'était pas étrangère à la destruction du Temple. En 62 de l'ère vulgaire, la région subit un premier tremblement de terre. Le sol se montre nerveux en 70. Du mois d'août 70 au mois d'août de l'an 79, de la destruction de Jérusalem aux villes nanties de Rome anéanties dans la foulée, il est bien entendu tout à fait possible d'expliquer le plus scientifiquement qu'il soit ce qui s'est produit.
L'observation de la nature, remercier Dieu ou le renier
Il est en principe impossible de prouver scientifiquement l'existence de D., puisque le scientifique raisonne sur le mesurable. Mais il nous reste le raisonnement par l'absurde. Ce procédé démontre que ci le phénomène x qui représente l'antithèse du phénomène y est impossible, alors la réalité d'y s'impose.
Aristote, Platon, et les autres, sont connus pour leur position sur la question de la création. Ce qui les dérange, c'est qu'il ne peut y avoir de création sans créateur, et on le retrouve à tous les niveaux de ce qui est fabriqué sur terre par un être vivant : la maison de l'homme, le barrage du castor, le nid de la pie… Et c'est là que la solution desdits philosophes est originale. Pour eux, le monde n'a pas été créé, pour la bonne raison qu'il a toujours existé. C'est une situation donnée connue depuis toujours, depuis que l'homme est homme. Leur position est solide. Ce n'est pas à eux de prouver que le monde a toujours existé, mais à ceux qui le contestent de prouver son contraire. Tout au plus admettent-il cependant une cause créatrice, mais pas dans le sens où l'entend le judaïsme, ni les religions qui en dérivent ou s'y greffent, et la nuance est énorme : car pour eux la matière est préexistante et c'est elle qui permet à l'entité créatrice d'inférer des formes à la matière, un peu comme le plus brillant des peintres utilisera dans tous les cas des matériaux, toile, couleurs, et des outils, contenants, pinceaux…
C'est un problème de vocabulaire qui nous fait penser que le philosophe et le rabbin ne discutent pas sur un malentendu, dans un total quiproquo, et qu'ils débattraient sur la même longueur d'onde. En effet, le verbe bara, dans le premier verset de la Genèse, est traduit par créa. Le problème, c'est que le verbe suivant, qui porte la racine yaçar, est aussi rendu par créer. Or, il ne peut en être ainsi, puisque le premier verbe indique une création à partir du néant, et le second à partir de la matière. Ce second sens se retrouve aujourd'hui encore, puisque l'homme se crée à partir de la terre, en tant que dernier échelon de la chaîne alimentaire qui démarre à partir des sels minéraux contenus dans le sol, de l'eau qui est aussi un minéral, et subissent diverses transformations pour devenir la matière physique de l'homme. Yaçar devrait, au nom de la précision scientifique linguistique, être rendu par former, ou transformer.
En revanche, l'idée créatrice et le principe de l'expansion de l'univers chers à la physique cantique n'impliquent non seulement aucune contradiction entre l'idée du Créateur et le raisonnement scientifique, mais pourraient bien signifier que tous ces phénomènes physiques et biologiques doivent bien avoir un auteur, qui créa le temps en même temps qu'il créa l'espace.
Il en est de même pour la difficulté de l'incompatibilité à première vue entre la matière et le spirituel. Or, l'idée générale des tissus, qui se restreint aux dimensions de la molécule, puis de l'atome, lui-même composé d'un noyau aux protons chargés positivement et aux électrons de charge négative qui gravitent autour de celui-ci en laissant un énorme vide, aboutit au principe de la non-existence de la matière, pure apparence, qui se réduit à un assemblage, une relation, une interaction entre des phénomènes et des forces qui donnent l'image si réelle et si solide de ce qui devient concret pour la perception de nos sens.
Une autre idée, celle de l'élaboration des espèces, quand sont extraits des couches géologiques plus anciennes des organismes moins complexes que ceux des couches plus récentes, suit elle aussi le déroulement chronologique biblique des six jours de la création, allant d'une mer déserte à l'apparition des continents, puis du protozoaire au mammifères dont l'homme est le sommet, s'il est permis de s'attacher dans le récit de la création au sens obvie du texte.
Donc, les mêmes réalités entraînent des effets opposés, puisque des mêmes observations on aboutit à de véritables postulats, à deux systèmes dont l'un reconnait le Créateur, et l'autre le renie. Et s'il existe un élément qui, par excellence, illustre cette divergence, c'est bien le singe. Sa ressemblance avec l'homme est plus que frappante. Il est immanquable que, lors d'une visite au jardin des plantes ou dans n'importe quel zoo, vous ne trouviez pas un air de famille entre tel orang-outan et tel voisin pensif, ou telle antelle ou ouistiti et tel enfant turbulent de votre voisinage. Encore une fois, les réactions seront divergentes. Soit vous vous attacherez au dogme évolutionniste qui vous fera voir en ce singe par raccourci votre grand-père, soit vous remercierez Dieu pour avoir échappé à ce côté identique par la différenciation que vous procure «juste l'âme pure dont la finalité consiste à comparaître devant le Roi des Rois, le Saint béni soit-Il», cette âme qui vous attribue le discernement et le libre arbitre, comme le suggère le rituel de prière, le Sidour, au chapitre de la prière du matin.
Le gardien de son frère
Une autre difficulté, de taille, elle aussi, se retrouve dans les brefs récits de la Genèse que le monde entier connaît par cœur. C'est cette sorte de mouvement d'aller-retour constant, d'approche et d'absence, pour ainsi dire, du Créateur auprès de sa création. Un ordre est donné, ou établi. Adam ne doit pas consommer le fruit de la connaissance – préférons à ce terme celui de discernement – et Caïn, froissé de s'être vu refuser son offrande, reçoit un encouragement divin doublé d'une terrible mise en garde. Il lui est enjoint de s'améliorer, sans quoi le péché, tapis à sa porte, prendra possession de lui. On remarquera qu'à chaque fois, après la faute, Dieu interroge le fauteur. Il cherche quelqu'un : «Où es-tu?» «Où est ton frère?» Adam reste humble. Il tente piteusement de se justifier, aggravant en fait son cas, puisqu'il est qualifié d'ingrat par les exégètes, reprochant au Créateur son merveilleux cadeau : «c'est la femme que tu m'as donnée». Quant à Caïn, il renvoie l'accusation à Dieu ; car lorsqu'il rétorque : «Suis-je le gardien de mon frère?», qu'insinue-t-il exactement? «Le gardien, c'est toi. Où étais-tu quand cet assassinat s'est produit?» Un homme en assassine un autre, et la question, c'est de savoir où était Dieu à ce moment-là?!
Qui responsabilise l'homme acquitte Dieu. Et qui déresponsabilise l'homme l'accuse. Le prophète vient renforcer cette double relation, avec les deux côtés de la même médaille : «Béni soit l'homme qui place sa confiance en Dieu…» «Maudit soit l'homme qui place sa confiance en l'homme». Peut-être cette mise en garde vient-elle nous prévenir qu'il faut prendre au sérieux les menaces des régimes humains, des mouvements idéologiques destructifs et menaçants, sans chercher à les excuser et à minimiser le danger potentiel qu'ils représentent, sans les décharger en accusant la conjoncture, sans se dire qu'ils finiront par se calmer, qu'ils ne pensent pas vraiment ce qu'ils disent. Il est très important de ne pas négliger les signes avant-coureurs d'une catastrophe qui se prépare, fomentée par le genre humain.
Mais le libre arbitre de l'homme peut-il faire échouer le programme de Dieu, qui consiste à l'amendement du genre humain, en imposant une direction radicalement opposée? Puisque l'homme part dans toutes les directions, c'est à l'homme, à titre individuel, de distinguer et de déterminer dans quelle voie humaine se retrouve celle de Dieu. Prenons le cas de la destinée nationale du peuple d'Israël. Plusieurs directions, plusieurs tentatives ont animé les Juifs. Certaines options venaient de leur propre cru, d'autres avaient été suggérées de l'extérieur. Il y a eu les aspirations du Bund, l'idée du Birobidjan, l'idée de trouver une terre promise dans l'immensité de l'Amérique du Nord, ou encore l'option en Ouganda. Il y a eu aussi l'idée de faire partie prenante d'autres nations éclairées, pour finir fusées éclairantes cherchant à nous débusquer. Une seule a fonctionné, en dépit de toutes les forces qui s'acharnent contre elle pour la faire échouer ou la vider de sa substance, de ces forces qui tentent d'en faire un pays comme les autres, pas mêmes exclusivement celui de la nation juive.
Aujourd'hui, nous célébrons le centenaire de la déclaration Balfour, un événement politique parmi tant d'autres, qui remonte à l'époque de l'aube de la décolonisation, quand les nationalismes du monde entier se sont mis à revendiquer leur indépendance. Cette toile de fond a fait que les Juifs aussi se sont dit qu'ils avaient droit au retour de leur souveraineté perdue, ces Juifs redevenus Palestiniens, puis Israéliens dès leur indépendance. Une fois encore, c'est par les voies naturelles et politiques que l'histoire avance à grands pas. D'un pharaon tyrannique qui pousse naturellement vers la sortie d'Egypte, à une Europe et un monde arabe chaotiques, qui poussent vers la sortie d'Edom.
L'histoire, l'avancée de la destinée collective de l'humanité, derrière laquelle le Créateur cache ou révèle sa face ; les trois lettres STR, selon le système étymologique consonantique hébraïque ou plus largement sémitique, racine du mot hiSToiRe, forment en hébreu le mot SéTeR, caché «cacher je cacherai ma face», «aster astir panaï». A l'homme de le voir ou de ne pas le voir.

Yéochoua Sultan ©