jeudi 30 juin 2022

 

Netanyahou c'est la gauche

La construction juive au coeur de la terre d'Israël


Commençons par une définition succincte de ce que gauche et droite veulent dire. Il ne s'agit pas de la gauche de Robespierre qui voulait renforcer les acquis de la Révolution, ni de la droite de Condorcet qui défendait la bourgeoisie, les droits des Juifs ou des femmes, ou encore l'officialisation du système métrique, les uns et les autres ayant siégé de part et d'autre du président de la Convention. Il ne s'agit pas non plus de castes politiques qui défendent le capitalisme, la compétitivité industrielle, d'une part, ni à l'opposé de la sensibilité pour le droit à l'instruction des enfants qui ne doivent pas servir de main d'œuvre dans les mines de charbon…

En Israël, la gauche et la droite ont ceci de particulier dans les faits que la droite défend les droits et les acquis des Juifs, tandis que la gauche promeut à leur détriment les Arabes. Ainsi, à titre illustratif, nous citerons la faculté de médecine qui refuse un étudiant juif parce qu'il n'a eu que 720 points aux tests psychométriques, mais accepte un étudiant arabe qui n'a eu que 600, parce que des quotas ségrégationnistes à défaut d'être sionistes imposent un numérus.

Dès le départ, le sens de la distinction gauche-droite a suivi un glissement : le Mapaï, puis Rats (prononcer le s, pas de méchant jeu de mots voulu) et Mapam, représentaient les travailleurs, défendaient et revendiquaient leurs droits. Si l'on peut identifier l'institution de la droite au mouvement de Begin, celui-ci défendait les laissés pour compte, dont toute une classe rentrée au pays des contrées de l'exil de l'Afrique et de l'Asie. Parallèlement, les travailleurs sont devenus de plus en plus riches, ont arrêté de travailler dans le sens premier où on l'entend, et la banque qui porte leur nom, la Banque Hapoalim – Poël signifiant au singulier ouvrier – brasse chaque année des milliards. De fil en aiguille, les gens de gauche se trouvent généralement dans les couches socio-économiques les plus fortunées, et vivent entre autres dans les quartiers de Savion ou de Ramat-Aviv Guimel.

Par la suite, la droite s'est faite le porte-drapeau de la présence juive en Judée-Samarie et Gaza (quand donc sera-t-elle à nouveau libérée?) et a revendiqué l'égalité pour une population souffrant dans certains contextes de discrimination et de grave iniquité, comme lorsque par moments il lui est interdit de construire ou de s'étendre. Les antisémites modernes se réjouissent de cet état de fait et préviennent contre la judéisation du centre de la Palestine juive historique. Comme ce sont des partisans du judenrein, on peut les comprendre, les pauvres.

Un calcul politique simple établit le constat suivant. Attendu que la population juive de Judée-Samarie n'est pas négligeable, surtout dans un contexte politique où la différence entre les blocs gagnant et perdant se joue à quelques voix près ; attendu que de fortes sympathies sont ressenties à son égard dans de larges franges de la population israélienne globale ; et attendu que beaucoup d'Israéliens sont candidats à l'habitat sur les monts de Judée, soit par idéalisme – le peuple se rétablit en ses frontières –, soit par pragmatisme – mieux vaut que la région soit franchement israélienne et qu'elle ne serve pas de bases de lancements de missiles, bombes, terroristes etc. –, soit par motivation économique – dans certaines localités, le logement reste nettement moins exorbitant qu'ailleurs, à moins de cocher toutes les réponses, le combat pour la réinstallation des Juifs dans le cœur de leur patrie multimillénaire et la protection de leurs droits peut bien motiver le choix de faire de cette cause un cheval de bataille, et qu'importe qu'en cas de coup dur ou de pression, bref qu'à l'heure de vérité tout cet engagement n'aura été qu'un leurre.

Plusieurs politiciens s'y sont essayés. Deux d'entre eux ont été à la tête de l'abandon du Sinaï et de Gaza, ce qui a déclenché guerres et attentats meurtriers, tandis qu'un troisième s'oriente selon la force des vents. Nous avons nommé : Netanyahou.

Quelques rafraîchissements de la mémoire s'imposent. Au cours de la campagne électorale de la XIVème Knesset, en 96, Netanyahou a bien insisté sur la place essentielle de Hébron dans l'âme et l'histoire des Juifs. Le gouvernement en place venait, dans ses divers agissements, de céder Jéricho et Gaza (en grande partie), du vivant de Rabin, puis la quasi-totalité des villes des territoires occupés par des non-Juifs, sauf Hébron; quand Pérès faisait cavalier seul. Donc, si on voulait éviter une sombre répétition de l'histoire, et empêcher la cité patriarcale fondatrice de l'Etat Juif où David régna 7 ans avant de passer à Jérusalem, de tomber une fois de plus dans les mains des musulmans, les conséquences du crime de l'été 1929 n'ayant jamais été totalement rectifiées,  il fallait bien entendu voter pour Netanyahou.

Or, ce monsieur, une fois au pouvoir, poursuit la politique de ses prédécesseurs, ce qu'il déclare dès son discours d'investiture. D'aucuns ont voulu y déceler pour se rassurer une tactique politique d'apaisement. Or, il ne rétablit pas les droits aux prêts immobiliers des Juifs de Judée-Samarie, spoliés en 92. Il faudra attendre l'abject attentat antisémite de décembre 1996, où Ita et Ephraïm Zur sont assassinés par des terroristes arabes pour que le Premier ministre comprenne qu'il y a des limites à l'indécence. Dans la foulée, Netanyahou cède à toutes sortes de pressions, et signe les accords de Hébron qui introduisent dans une partie de la cité hébraïque les terroristes de l'Olp. Ils ne sont pas longs à commettre l'attentat dont Chalévet Fès est la victime, assassinée dans son landau par un terroriste arabe muni d'une arme de précision.

Lorsqu'enfin les élections sont anticipées, Netanyahou laisse la place à Ehoud Baraq. Que de désolation et de lamentations dans le camp de la droite. Et pourtant… En avril 2001, le quotidien Yédioth Ha'haronoth révèle que Netanyahou aurait été prêt à céder le Golan à Assad. Il lui aurait proposé en août 98 le Golan sur un plateau d'argent contre un accord de paix global[1]. Il semblerait que ses déboires avec l'électorat aient empêché la réalisation de ce sombre dessein. On n'ose penser à la gêne causée à Israël par la guerre civile syrienne, si les diverses factions armées avaient eu la vue sur le lac de Tibériade.  S'il avait été alors reconduit dans ses fonctions, la méthode déjà rodée à Oslo eût été simple : les pourparlers sont d'abord tenus secrets. Ils se font à l'insu des citoyens. Puis, en grande pompe, on signe un accord historique sous les projecteurs de la Maison Blanche, qui est entériné par toutes sortes d'instances, Onu et autres. Ensuite, il n'y a plus qu'à mettre la pression sur les membres de la Knesset qui votent pour.

Nous retrouvons notre as de la politique à différentes étapes charnières de sa carrière. En 2005, il vote pour l'expulsion des Juifs de Gaza. Il rappellera souvent par la suite qu'il avait averti que ce processus n'allait pas apporter la paix mais amplifier l'état de guerre. A-t-il menti ? Non. L'un n'empêche pas l'autre. Il a averti, tout comme il avait averti de l'importance primordiale de Hébron. Mais sous la pression, on abdique. Les Juifs et les Arabes voulaient Gaza. Qui l'a eue ? Les Arabes. Ont-ils gagné la guerre contre les Juifs pour qu'il ne reste plus la moindre présence juive à Gaza? Que nenni.

Plus tard, un certain Obama est président des Etats-Unis. La même année, toujours en 2009, Netanyahou  – qui a eu toutes les difficultés du monde à se faire réélire notamment à cause d'une propagande féroce contre lui, dans le cadre de laquelle il a été maintes fois rappelé que son maintien ne serait pas vu d'un très bon œil par l'Administration américaine – décrète le gel de la construction pour les Juifs en Judée-Samarie sur une période de dix mois[2]. Contrairement à sa déclaration, l'interdiction s'est étendue à Jérusalem, comme dans le quartier Ramat Shlomo, dont tous les chantiers ont été suspendus.

L'un des arguments clés qu'opposent les partisans inconditionnels de Netanyahou, surtout en ce qui concerne des électeurs de Jérusalem ou des Yichouvim, c'est qu'il incarnerait le moindre mal. Rien n'est moins évident. Tout d'abord, il y a un problème de tactique. Lorsque Pérès et Rabin étaient au pouvoir, leur politique de favoritisme qui jouait contre les Juifs donnait lieu à des manifestations phénoménales, et les accords d'Oslo sont passés de justesse à la Knesset, avec deux parlementaires soudoyés (Séguev et Goldfarb). Les accords de Hébron de Nétanyahou ont provoqué moins de remous, et le vote a avoisiné les 80 parlementaires favorables.   

Nous apporterons ici encore deux comparaisons pour des politiques analogues de la droite et de la gauche, au sujet de la construction. Souvenons-nous d'un Premier ministre qui répondait au nom d'Olmert (anagramme de Mortel pour le mémoriser). Bush avait exigé de lui en insistant très lourdement qu'il bloquât la construction de la ville de Ma'alé Adoumim, sous prétexte qu'elle coupait en deux le futur énième Etat musulman pour l'installation duquel s'agitent bien des chancelleries. Olmert réagit à peu près en ces termes : «Mais vous ne vous rendez pas compte de l'énormité de ce que vous me demandez. Je ne peux pas arrêter la construction à Ma'alé Adoumim. C'est une grande ville en plein essor et ce n'est pas de mon ressort.» Ceci fut néanmoins du ressort de Netanyahou.

Lors du gel de la construction décrété, par la XIIIème Knesset, il n'a été question (excusez du peu) que de ne plus accorder comme nous l'avons vu plus haut de prêts hypothécaires. Si vous aviez déjà obtenu votre prêt, ou si vous aviez vendu ailleurs un appartement et que vous ayez eu de l'argent, vous poursuiviez vos travaux jusqu'à votre installation dans votre nouvelle demeure. Avec Netanyahou, même en pleins travaux, vous avez eu droit à une descente musclée de l'Administration civile.

Rappelons brièvement que la mainmise illégale sur de vastes pans du Néguev par des bédouins, ou encore les émeutes où la haine contre les Juifs a pu se lâcher largement dans les villes dites mixtes, en 2021, remontent à la période du dernier mandat de Netanyahou, avant Beneth et Lapid.

Il est donc incompréhensible que Netanyahou soit encore et toujours considéré comme l'incarnation par excellence de la droite telle que nous l'avons définie en introduction. Si, néanmoins, son dernier mandat a été le témoin d'une importante construction dans les secteurs juifs de Jérusalem et de la Judée-Samarie, il conviendrait peut-être de faire le rapprochement avec l'exercice d'un président américain dont la sympathie pour Israël a été sans précédent, Trump n'ayant pas exercé de pressions sur le gouvernement d'Israël sur ce plan.

Il se peut que chaque échec de Netanyahou, chaque fois qu'il ne renouvelle pas son mandat de Premier ministre, soit annonciateur d'une délivrance pour le pays. A toute chose, malheur est bon (il n'est bien évidemment pas question de faire l'éloge de Baraq ou du tandem Beneth-Lapid). Et de même que Netanyahou a quitté le pouvoir au moment crucial d'une possible reddition face à Assad initiée en 1998, de même son dernier départ nous a épargné un durcissement de la politique inique des restrictions prétendument justifiées par des mesures sanitaires et salutaires, que Netanyahou s'apprêtait à nous imposer en août et septembre 21, dans le cadre de ses petites affaires avec la firme pharmaceutique aux multiples condamnations, amendes, et ordres de retirer des médicaments dangereux. Dans un discours incendiaire, Netanyahou a reproché à Beneth et Lapid d'être des irresponsables, pour ne pas avoir imposé comme lui cette dictature inouïe et hautement préjudiciable.

Dans un contexte international incertain, où on assiste avec effroi à la reprise de la propagande notamment en France en faveur d'une probable réimposition du passeport vaccinal vraisemblablement aux alentours du 1er août, violation manifeste des droits les plus basiques, après une trêve accordée en ce pays pour cause d'élections (moitié moins de cas de covid en juin qu'en avril, période électorale), contexte dans lequel le Parlement européen commande des milliards de doses d'un vaccin inefficace et déclencheur de thromboses, contre une maladie qui a cessé d'être mortelle dès l'apparition du variant omicron, quand de nombreux Etats s'alignent sur les exigences d'une OMS dont les prérogatives prennent le pas sur la souveraineté des Etats, un retour de Netanyahou est loin d'être souhaitable.