jeudi 30 juin 2022

 

Netanyahou c'est la gauche

La construction juive au coeur de la terre d'Israël


Commençons par une définition succincte de ce que gauche et droite veulent dire. Il ne s'agit pas de la gauche de Robespierre qui voulait renforcer les acquis de la Révolution, ni de la droite de Condorcet qui défendait la bourgeoisie, les droits des Juifs ou des femmes, ou encore l'officialisation du système métrique, les uns et les autres ayant siégé de part et d'autre du président de la Convention. Il ne s'agit pas non plus de castes politiques qui défendent le capitalisme, la compétitivité industrielle, d'une part, ni à l'opposé de la sensibilité pour le droit à l'instruction des enfants qui ne doivent pas servir de main d'œuvre dans les mines de charbon…

En Israël, la gauche et la droite ont ceci de particulier dans les faits que la droite défend les droits et les acquis des Juifs, tandis que la gauche promeut à leur détriment les Arabes. Ainsi, à titre illustratif, nous citerons la faculté de médecine qui refuse un étudiant juif parce qu'il n'a eu que 720 points aux tests psychométriques, mais accepte un étudiant arabe qui n'a eu que 600, parce que des quotas ségrégationnistes à défaut d'être sionistes imposent un numérus.

Dès le départ, le sens de la distinction gauche-droite a suivi un glissement : le Mapaï, puis Rats (prononcer le s, pas de méchant jeu de mots voulu) et Mapam, représentaient les travailleurs, défendaient et revendiquaient leurs droits. Si l'on peut identifier l'institution de la droite au mouvement de Begin, celui-ci défendait les laissés pour compte, dont toute une classe rentrée au pays des contrées de l'exil de l'Afrique et de l'Asie. Parallèlement, les travailleurs sont devenus de plus en plus riches, ont arrêté de travailler dans le sens premier où on l'entend, et la banque qui porte leur nom, la Banque Hapoalim – Poël signifiant au singulier ouvrier – brasse chaque année des milliards. De fil en aiguille, les gens de gauche se trouvent généralement dans les couches socio-économiques les plus fortunées, et vivent entre autres dans les quartiers de Savion ou de Ramat-Aviv Guimel.

Par la suite, la droite s'est faite le porte-drapeau de la présence juive en Judée-Samarie et Gaza (quand donc sera-t-elle à nouveau libérée?) et a revendiqué l'égalité pour une population souffrant dans certains contextes de discrimination et de grave iniquité, comme lorsque par moments il lui est interdit de construire ou de s'étendre. Les antisémites modernes se réjouissent de cet état de fait et préviennent contre la judéisation du centre de la Palestine juive historique. Comme ce sont des partisans du judenrein, on peut les comprendre, les pauvres.

Un calcul politique simple établit le constat suivant. Attendu que la population juive de Judée-Samarie n'est pas négligeable, surtout dans un contexte politique où la différence entre les blocs gagnant et perdant se joue à quelques voix près ; attendu que de fortes sympathies sont ressenties à son égard dans de larges franges de la population israélienne globale ; et attendu que beaucoup d'Israéliens sont candidats à l'habitat sur les monts de Judée, soit par idéalisme – le peuple se rétablit en ses frontières –, soit par pragmatisme – mieux vaut que la région soit franchement israélienne et qu'elle ne serve pas de bases de lancements de missiles, bombes, terroristes etc. –, soit par motivation économique – dans certaines localités, le logement reste nettement moins exorbitant qu'ailleurs, à moins de cocher toutes les réponses, le combat pour la réinstallation des Juifs dans le cœur de leur patrie multimillénaire et la protection de leurs droits peut bien motiver le choix de faire de cette cause un cheval de bataille, et qu'importe qu'en cas de coup dur ou de pression, bref qu'à l'heure de vérité tout cet engagement n'aura été qu'un leurre.

Plusieurs politiciens s'y sont essayés. Deux d'entre eux ont été à la tête de l'abandon du Sinaï et de Gaza, ce qui a déclenché guerres et attentats meurtriers, tandis qu'un troisième s'oriente selon la force des vents. Nous avons nommé : Netanyahou.

Quelques rafraîchissements de la mémoire s'imposent. Au cours de la campagne électorale de la XIVème Knesset, en 96, Netanyahou a bien insisté sur la place essentielle de Hébron dans l'âme et l'histoire des Juifs. Le gouvernement en place venait, dans ses divers agissements, de céder Jéricho et Gaza (en grande partie), du vivant de Rabin, puis la quasi-totalité des villes des territoires occupés par des non-Juifs, sauf Hébron; quand Pérès faisait cavalier seul. Donc, si on voulait éviter une sombre répétition de l'histoire, et empêcher la cité patriarcale fondatrice de l'Etat Juif où David régna 7 ans avant de passer à Jérusalem, de tomber une fois de plus dans les mains des musulmans, les conséquences du crime de l'été 1929 n'ayant jamais été totalement rectifiées,  il fallait bien entendu voter pour Netanyahou.

Or, ce monsieur, une fois au pouvoir, poursuit la politique de ses prédécesseurs, ce qu'il déclare dès son discours d'investiture. D'aucuns ont voulu y déceler pour se rassurer une tactique politique d'apaisement. Or, il ne rétablit pas les droits aux prêts immobiliers des Juifs de Judée-Samarie, spoliés en 92. Il faudra attendre l'abject attentat antisémite de décembre 1996, où Ita et Ephraïm Zur sont assassinés par des terroristes arabes pour que le Premier ministre comprenne qu'il y a des limites à l'indécence. Dans la foulée, Netanyahou cède à toutes sortes de pressions, et signe les accords de Hébron qui introduisent dans une partie de la cité hébraïque les terroristes de l'Olp. Ils ne sont pas longs à commettre l'attentat dont Chalévet Fès est la victime, assassinée dans son landau par un terroriste arabe muni d'une arme de précision.

Lorsqu'enfin les élections sont anticipées, Netanyahou laisse la place à Ehoud Baraq. Que de désolation et de lamentations dans le camp de la droite. Et pourtant… En avril 2001, le quotidien Yédioth Ha'haronoth révèle que Netanyahou aurait été prêt à céder le Golan à Assad. Il lui aurait proposé en août 98 le Golan sur un plateau d'argent contre un accord de paix global[1]. Il semblerait que ses déboires avec l'électorat aient empêché la réalisation de ce sombre dessein. On n'ose penser à la gêne causée à Israël par la guerre civile syrienne, si les diverses factions armées avaient eu la vue sur le lac de Tibériade.  S'il avait été alors reconduit dans ses fonctions, la méthode déjà rodée à Oslo eût été simple : les pourparlers sont d'abord tenus secrets. Ils se font à l'insu des citoyens. Puis, en grande pompe, on signe un accord historique sous les projecteurs de la Maison Blanche, qui est entériné par toutes sortes d'instances, Onu et autres. Ensuite, il n'y a plus qu'à mettre la pression sur les membres de la Knesset qui votent pour.

Nous retrouvons notre as de la politique à différentes étapes charnières de sa carrière. En 2005, il vote pour l'expulsion des Juifs de Gaza. Il rappellera souvent par la suite qu'il avait averti que ce processus n'allait pas apporter la paix mais amplifier l'état de guerre. A-t-il menti ? Non. L'un n'empêche pas l'autre. Il a averti, tout comme il avait averti de l'importance primordiale de Hébron. Mais sous la pression, on abdique. Les Juifs et les Arabes voulaient Gaza. Qui l'a eue ? Les Arabes. Ont-ils gagné la guerre contre les Juifs pour qu'il ne reste plus la moindre présence juive à Gaza? Que nenni.

Plus tard, un certain Obama est président des Etats-Unis. La même année, toujours en 2009, Netanyahou  – qui a eu toutes les difficultés du monde à se faire réélire notamment à cause d'une propagande féroce contre lui, dans le cadre de laquelle il a été maintes fois rappelé que son maintien ne serait pas vu d'un très bon œil par l'Administration américaine – décrète le gel de la construction pour les Juifs en Judée-Samarie sur une période de dix mois[2]. Contrairement à sa déclaration, l'interdiction s'est étendue à Jérusalem, comme dans le quartier Ramat Shlomo, dont tous les chantiers ont été suspendus.

L'un des arguments clés qu'opposent les partisans inconditionnels de Netanyahou, surtout en ce qui concerne des électeurs de Jérusalem ou des Yichouvim, c'est qu'il incarnerait le moindre mal. Rien n'est moins évident. Tout d'abord, il y a un problème de tactique. Lorsque Pérès et Rabin étaient au pouvoir, leur politique de favoritisme qui jouait contre les Juifs donnait lieu à des manifestations phénoménales, et les accords d'Oslo sont passés de justesse à la Knesset, avec deux parlementaires soudoyés (Séguev et Goldfarb). Les accords de Hébron de Nétanyahou ont provoqué moins de remous, et le vote a avoisiné les 80 parlementaires favorables.   

Nous apporterons ici encore deux comparaisons pour des politiques analogues de la droite et de la gauche, au sujet de la construction. Souvenons-nous d'un Premier ministre qui répondait au nom d'Olmert (anagramme de Mortel pour le mémoriser). Bush avait exigé de lui en insistant très lourdement qu'il bloquât la construction de la ville de Ma'alé Adoumim, sous prétexte qu'elle coupait en deux le futur énième Etat musulman pour l'installation duquel s'agitent bien des chancelleries. Olmert réagit à peu près en ces termes : «Mais vous ne vous rendez pas compte de l'énormité de ce que vous me demandez. Je ne peux pas arrêter la construction à Ma'alé Adoumim. C'est une grande ville en plein essor et ce n'est pas de mon ressort.» Ceci fut néanmoins du ressort de Netanyahou.

Lors du gel de la construction décrété, par la XIIIème Knesset, il n'a été question (excusez du peu) que de ne plus accorder comme nous l'avons vu plus haut de prêts hypothécaires. Si vous aviez déjà obtenu votre prêt, ou si vous aviez vendu ailleurs un appartement et que vous ayez eu de l'argent, vous poursuiviez vos travaux jusqu'à votre installation dans votre nouvelle demeure. Avec Netanyahou, même en pleins travaux, vous avez eu droit à une descente musclée de l'Administration civile.

Rappelons brièvement que la mainmise illégale sur de vastes pans du Néguev par des bédouins, ou encore les émeutes où la haine contre les Juifs a pu se lâcher largement dans les villes dites mixtes, en 2021, remontent à la période du dernier mandat de Netanyahou, avant Beneth et Lapid.

Il est donc incompréhensible que Netanyahou soit encore et toujours considéré comme l'incarnation par excellence de la droite telle que nous l'avons définie en introduction. Si, néanmoins, son dernier mandat a été le témoin d'une importante construction dans les secteurs juifs de Jérusalem et de la Judée-Samarie, il conviendrait peut-être de faire le rapprochement avec l'exercice d'un président américain dont la sympathie pour Israël a été sans précédent, Trump n'ayant pas exercé de pressions sur le gouvernement d'Israël sur ce plan.

Il se peut que chaque échec de Netanyahou, chaque fois qu'il ne renouvelle pas son mandat de Premier ministre, soit annonciateur d'une délivrance pour le pays. A toute chose, malheur est bon (il n'est bien évidemment pas question de faire l'éloge de Baraq ou du tandem Beneth-Lapid). Et de même que Netanyahou a quitté le pouvoir au moment crucial d'une possible reddition face à Assad initiée en 1998, de même son dernier départ nous a épargné un durcissement de la politique inique des restrictions prétendument justifiées par des mesures sanitaires et salutaires, que Netanyahou s'apprêtait à nous imposer en août et septembre 21, dans le cadre de ses petites affaires avec la firme pharmaceutique aux multiples condamnations, amendes, et ordres de retirer des médicaments dangereux. Dans un discours incendiaire, Netanyahou a reproché à Beneth et Lapid d'être des irresponsables, pour ne pas avoir imposé comme lui cette dictature inouïe et hautement préjudiciable.

Dans un contexte international incertain, où on assiste avec effroi à la reprise de la propagande notamment en France en faveur d'une probable réimposition du passeport vaccinal vraisemblablement aux alentours du 1er août, violation manifeste des droits les plus basiques, après une trêve accordée en ce pays pour cause d'élections (moitié moins de cas de covid en juin qu'en avril, période électorale), contexte dans lequel le Parlement européen commande des milliards de doses d'un vaccin inefficace et déclencheur de thromboses, contre une maladie qui a cessé d'être mortelle dès l'apparition du variant omicron, quand de nombreux Etats s'alignent sur les exigences d'une OMS dont les prérogatives prennent le pas sur la souveraineté des Etats, un retour de Netanyahou est loin d'être souhaitable.


mardi 29 mars 2022

Du système politique au Premier ministre, ou de la main au bâton

 


Bennett n'est qu'un symptôme. Le véritable mal, c'est la présence étrangère hostile et le droit de vote dont elle dispose. C'est elle qui arme ces bouchers qui tranchent la gorge à des passants ou à des bébés juifs dans leur sommeil.

Il est clair pour tout un chacun que si un individu en frappe un autre en se servant d'un bâton, l'ennemi de l'agressé n'est pas le bâton, mais la main qui le manie. De la même façon, et certains services sécuritaires l'ont bien compris, la menace iranienne qui plane sur Israël, D. préserve, n'est pas la bombe mais l'ingénieur qui permet de la fabriquer. Certes, dans notre monde nuancé, nous comprenons bien qu'il peut ne pas être inutile de priver l'individu de son bâton ou l'ingénieur de sa bombe. Qu'ils soient désarmés, ils se calmeront. Mais ce ne sera que partie remise.

Pareillement, si la fièvre ou l'inflammation, mettons pulmonaire, peuvent n'être que des symptômes, il n'en demeure pas moins que, même en ne contrant pas le facteur infectieux,  les traiter peut sauver le patient, et l'infection ou le virus n'emporteront pas le malade, de même qu'un agresseur sans bâton ou sans bombe peut ne pas présenter de danger.

Certains services ménagent donc la chèvre et le chou : un jour, ils provoquent une explosion dans un centre atomique ou en affectent ses systèmes informatisés, et, un autre jour, ils en neutralisent l'ingénieur. On peut objecter que l'ingénieur n'est qu'un bâton, et qu'il peut être remplacé, auquel cas un nouveau cerveau doit être greffé au système,  mais la fourmilière en panique devra d'abord se réorganiser. Ça s'appelle une trêve.

Il arrive parfois que l'on mette soi-même en place la main qui s'arrangera pour se procurer le bâton. Ainsi, les accords d'Oslo ont introduits les terroristes de l'Olp et du Fatah, qui se sont équipés de bombes miniaturisées pour attentats-suicides, et le «redéploiement» a maintenu la présence ennemie à Gaza en lui donnant le champ libre et la possibilité en quelques années de se fournir en missiles sophistiqués, dont les progrès ont permis d'aller toujours plus loin : d'abord Sderot, puis Jérusalem ou Tel-Aviv. Dans ce dernier cas, nous nous concentrons sur le bâton : les dômes de (l'âge de) fer permettent d'intercepter à notre grande fierté une bonne partie de ces missiles. Dans le premier cas, il est difficile de s'en prendre à un assassin déjà suicidé. Bien sûr, puisqu'on ne s'intéresse qu'aux bâtons et qu'ils s'autodétruisent et se succèdent. On ne va quand même pas commencer à se dire que le choix d'avoir expulsé spécialement les Juifs de Gaza pour avoir la paix pourrait ne pas avoir été le plus judicieux.

Mais laissons de côté ces paraboles et revenons à notre sujet. A partir du constat selon lequel la situation politique et sécuritaire en Israël est préoccupante, on peut se focaliser uniquement sur le Premier ministre Bennett, le considérer comme un menteur, un traître à la solde de l'ennemi ou, pire, comme un exécutant que l'ennemi fait chanter en poussant toujours plus haut le plafond de ses exigences, dont pour commencer cinquante-trois milliards de rançon exigés pour lui permettre de se hisser aux commandes du pays. Ils seront détournés des caisses de l'Etat, des caisses alimentées par le labeur du contribuable juif, qui déclare ses revenus jusqu'à la dernière agora.

Deux anecdotes en passant étayeront l'assertion qui précède. Première anecdote. Deux frères vivaient dans un village arabe israélien. Le père est arabe, la mère est juive. L'un d'eux revendique son appartenance au peuple d'Israël, adhère à la religion de Moïse et rejoint ses demi-frères du côté maternel. L'autre tente de l'en dissuader : «Là-bas, tu ne vas pas rigoler. Est-ce que tu as la moindre idée des autorisations et des taxes qu'ils payent ne serait-ce que pour fermer un balcon et le transformer en chambre?» Fin de la première anecdote.

Seconde anecdote : Rattrapé par l'Autorité fiscale, je suis sommé de faire une déclaration de patrimoine. Bon. Je réponds à ma convocation. Ayant été mon propre entrepreneur, je présente un maximum de factures et autres reçus : plomberie, installations électriques, chaudière, le carrelage de chez Zéévi. Problème : j'avais délégué un maître d'œuvre juif qui s'était fait seconder par des cousins (c'est ainsi que m'appelait mon boulanger à Paris, dans le passé, qui travaillait en pyjama et en babouches). Aucune preuve de payement de ce côté. Je parle franchement au percepteur. Je mets bien les pieds dans le plat, exprès : «M. le préposé, vous allez voir tout de suite que ce rapport ne comptabilise pas la totalité des frais de construction. Je n'ai pu fournir que les traces de ce que j'ai payé chez des Juifs…» Mon précepteur jette un œil sur les papiers et me coupe manu militari la parole : «C'est très bien, c'est suffisant.» Fin de la seconde anecdote.

Outre les cinquante-trois milliards détournés, les maîtres chanteurs ont exigé non plus que la construction sauvage du secteur arabo-bédouin ne soit pas inquiétée, mais que les raccords qui viennent pirater le réseau d'électricité soient légalisés et améliorés. Alignons-nous sur l'allégation du membre de cette fratrie judéo-arabe, et abondons en sons sens. Si tu vis chez les Juifs, tu vas devoir payer l'électricité, ce qui revient cher, surtout en hiver. Et si tu ne payes pas, ni une, ni deux, on va t'en priver.

A propos! Si vous subissez des chutes de tension, si vous avez dernièrement dû changer trois climatiseurs et une machine à laver, il se pourrait que ce soit à cause de la surcharge provoquée par les embranchements sauvages entre la centrale et votre maison.

Quand on ne veut pas ou ne peut pas lutter contre le crime, il suffit de le légaliser. Ainsi, Bennett et son gouvernement peuvent se targuer de ne pas y être confrontés. Où voyez-vous des hors-la-loi, du détournement de services ou de biens? Tout est légal! Nous sommes le gouvernement de la légalité!

Mais Bennett n'est que le bâton d'une machine inadaptée. Ce bâton est fort de 6 sièges (le parti en totalise 7, en comptant le parlementaire Amikhaï Chikli, le seul qui n'ait pas trahi les engagements électoraux de son parti). Si on traduit ce résultat en note scolaire, ça lui fait 1/20.

Sur les 120 sièges de la Knesset, il est impératif d'en réunir au moins 61 afin de former un gouvernement. 0r, même en comptant le parti Meretz comme juif, bien qu'il ne travaille pas particulièrement pour défendre les intérêts de son peuple, 10 lui échappent : 6 sont dans les mains de la Liste Commune, et 4 de la Liste  Arabe Unifiée. Le parti Meretz, parti qui a la pêche, compte 4 Juifs sur 6 postes. Bref, les Juifs n'ont plus entre leurs mains que 108 sièges, sinon moins, sur les 120 que totalise son parlement.

Or, si l'idée première de la souveraineté de l'Etat Juif pouvait encore être effective, dans l'état actuel des choses, 55 élus auraient dû suffire pour former le gouvernement. Dans le cas contraire, il perd son droit de diriger lui-même son pays. Le pouvoir du peuple (démocratie), juif en l'occurrence, ne peut s'exercer.

D'aucuns rétorqueront outrés que les propos qui précèdent sonnent comme du racisme. N'avons-nous pas tous été bercés par la fameuse injonction : «sans distinction de race et de religion»? D'autant que nous avons connu ce statut de minorité, jadis étrangers en Égypte et plus récemment citoyens à part entière en France.

Oui, mais voilà. Nous n'avons jamais eu de velléités prédatrices à l'encontre de nos pays d'accueil ou d'infortune. Nous avons systématiquement pensé au bien de notre pays d'adoption tout autant qu'à notre état minoritaire potentiellement précaire, en ces années glorieuses. Il n'y avait pas de contradiction. Au contraire, une France équitable et prospère allait de pair avec notre propre sécurité.

A l'instar des Français de souche, nous votions à gauche, à droite ou au centre, motivés par les mêmes préoccupations que ces derniers : le bien commun. De ce fait, nos voix se répartissaient comme un calque copiant les préférences des autres votants. Le pourcentage des intentions de vote chez les Juifs était pour ainsi dire l'indicateur du celui des autres Français. Ici, en Israël, a contrario, la masse imposante qui ne s'inscrit pas dans la nation d'Israël vote de façon monolithique, et revendique avec arrogance la haine du peuple juif et de la vocation de son pays. Les Arabes triés sur le volet, élogieux pour le pays d'Israël, où leur situation est bien plus heureuse que partout dans le monde qui porte leur nom, sont l'exception qui confirme la règle : par exemple, des deux sœurs Zouabi, ce n'était pas celle qui exprimait son bonheur et sa reconnaissance qui siégeait à la Knesset, mais bien celle qui injuriait, menaçait et portait ombrage à notre pays. C'est elle qui avait derrière elle des dizaines de milliers d'électeurs de son secteur. De la même façon, plus une nation, pendant la deuxième Guerre mondiale, comptait de justes parmi les nations, prêts à protéger des Juifs, plus cette nation s'est montrée cruelle envers les Juifs.

Et puis, trop chercher à se faire bien voir pourrait être dangereux. Nous nous sommes encore une fois trop souvent laissé berner par l'illusion de cette absence de différence de race et de religion. Comment? Nous serions discriminés et discrédités dans un pays qui pas plus tard qu'en 1936, avait avec Blum Léon un Juif à la tête de l'exécutif? Ou dans un autre pays, l'Allemagne, qui octroya l'égalité des droits en 1869? Et pourtant. Si nous n'y prenons pas garde, nous pourrions passer d'un Etat dont le Premier ministre et son peuple se font racketter à un pays où nos racketteurs pourraient à la longue se passer de notre présence, comme ils ne se gênent pas de le montrer dans les villes sans Juifs de la terre d'Israël, que ces villes aient ou non la nationalité israélienne.  Cette nationalité attribuée d'office de change pas un ennemi en un néo-Juif.

S'aveugler et s'obliger à penser que l'origine identitaire et nationale de notre dirigeant serait sans importance, qu'il puisse indifféremment être juif ou arabe ; s'étrangler en hurlant qu'il n'y aurait pas de différence entre un enfant juif et un autre ukrainien, non pas à l'endroit de sa souffrance mais en s'appuyant sur cette absence de différence pour faire de ce dernier un citoyen d'Israël qui, à la longue, risque de nous imposer une importation d'une haine antijuive séculaire momentanément reléguée en arrière-plan, surtout quand on pense que «l'enfant» en question n'est qu'une image métonymique, qu'il sert juste de pâte blanche, de sabot fendu, introduit le premier sur la place avant de remettre en question la majorité juive du pays, c'est de l'inconscience, ou de la mémoire courte. Non, si racisme il y a, ce serait un racisme d'un genre inédit : un racisme contre les antisémites, remodelés en une nouvelle race.

Comme on peut l'entendre dire ces temps-ci, il existe un nationalisme positif, noble et défendable, pour lequel il sied de prendre les armes. Si cette notion est mise en valeur par l'air du temps, c'est au nationalisme juif qu'elle doit s'appliquer, le seul capable de garantir que le Juif ne sera plus remis en situation de minorité martyrisable et persécutable à souhait. Car c'est bien par manque de nationalisme juif que l'impensable peut devenir routine, quand l'antisémitisme peut frapper jusque dans les rues d'Israël.

 Car, comme le disait Desproges, la population se répartit en deux catégories : les Juifs et les antisémites. Le Juif doit être vigilant, défendre son nationalisme et la persistance de son droit à l'autodétermination, sans se laisser aller à un angélisme photogénique autant que décadent. Nous avons évoqué cette haine flagrante que produit sans relâche par ses bourreaux et bouchers la forte population hostile présente sur le sol d'Israël. Mais il existe une autre menace, latente. Qui se souvient de la forte proportion d'immigrants non-juifs arrivés en Israël suite au démantèlement de l'Urss?   Si elle ne s'exprime ni par les bombes ni par les missiles, elle est néanmoins représentée par le dirigeant politique Liebermann.

L'un des premières mesures adoptées par ce dernier, suite à son accession au gouvernement, a consisté à retirer aux familles religieuses les aides qui permettaient aux parents de travailler et étudier la Torah, garante de la pérennité de notre peuple, conjointement. Peu lui importe que cette mesure sociale fût redistribuée à des contribuables. Elle l'irritait de manière inversement proportionnelle à la complaisance ressentie à l'égard du piratage de l'électricité évoqué plus haut.

Avant Bennett, la gente politique observait un modus vivendi tacite, disant à peu près ceci : nous devons former une coalition dans le cadre des sièges que nous conservons entre nos mains et, s'il faut néanmoins réunir 61 parlementaires, cela se fera sans les partis aux vocations hostiles affichées, quitte à devoir subir des élections répétées, qui sont le prix à payer dans les conditions présentes pour la préservation de notre souveraineté. Un gouvernement minoritaire ne servira jamais les intérêts du peuple juif. A ce système problématique en embuscade, la main, il ne manquait que le bâton : Bennett.