lundi 11 décembre 2017

Les pogroms contre les enfants juifs sont condamnables, sauf si…


L'antisémitisme légal, quand les pogroms n'en portent plus le nom
Il existe des données de bases similaires qui impliquent logiquement la répétition d'un unique raisonnement, mais qui dans la (triste) réalité impliquent le tout et son contraire.
Je voudrais aborder ici une question fondamentale qui se rapporte au traitement inéquitable de la haine contre les Juifs, selon sa provenance.
Lorsque nous parcourons les titres de la presse, des journaux ou les chroniques et les livres d'histoire, tout au moins en ce qui concerne les soixante-dix à cent dernières années, nous relevons que les crimes antisémites sont présentés différemment selon qu'ils soient ou aient été perpétrés par des Européens ou par des Arabes. «Untel, fusillé ou exécuté par les Allemands ou par la Milice». «Untel, mort dans un attentat terroriste». Les listes de victimes du nazisme portent pour chaque nom la mention acrostiche hébraïque הי"ד : «Que D. venge son sang» tandis que pour les assassinés par les Arabes ou l'islam, il est mentionné ז"ל : «que son souvenir soit bénédiction». Cette distinction n'est ni fortuite ni hasardeuse. Elle est systématique. Et s'il reste néanmoins envisageable que certains lecteurs aient pu ne pas y prêter attention, il ne pourra plus à partir de cet instant où il vient d'en être avisé ne pas être frappé par ce phénomène hégémonique.
Tout mal commence par des mots, et on ne pourra dire qu'il ne faut pas se formaliser pour ce qui vient d'être dit. J'ai tenté sur les réseaux sociaux une petite expérience. J'ai d'abord émis l'hypothèse qu'il ne faut pas chercher la petite bête, puisque les indicateurs de dépêches ne sont pas des férus de littérature, et qu'ils disposent d'un vocabulaire limité et surtout d'une liste de phrases savantes formatées par un cerveau extrinsèque et prémâchées par eux. Le choix pour le journaliste de corvée de la dépêche de circonstance s'impose comme la résultante d'un aiguillage qui oriente vers leur cerveau par un éventail réduit de réflexes conditionnés l'association voulue entre l'événement constaté et la ligne du texte en adéquation du dépanneur linguistique.
Il n'est pas question ici de les tourner en dérision, mais les journalistes de terrain sont suffisamment débordés et selon le cas en danger pour se mettre à raisonner comme s'ils se trouvaient dans un salon littéraire, ou penchés sur leur cahier. De plus, dès que le premier a lancé sa dépêche, elle est reprise en l'état par tous les médias qui en font l'écho, et elle est retranscrite dans toutes les langues. C'est donc l'innocence supposée de ce travail que ladite expérience tente de vérifier. Elle est très simple. Il suffit d'écrire : «Un bébé juif assassiné dans les bras de sa mère par un Arabe sur le quai d'une station de tramway» ; «Un père et une mère juifs fusillés par les Arabes sous les yeux de leurs enfants». «Une famille juive égorgée par les Arabes dans la quiétude de son foyer». Ce n'est qu'un échantillon de faits réels dont le monde s'est fort peu ému, tirée de la très longue liste des pires attentats antisémites contemporains.
Certes, les personnes sensées qui partagent cette vision non édulcorée de la réalité existent, et elles sont bien plus nombreuses qu'on ne le pense, mais les réactions que j'attendais mais dont il fallait que je sois certain de leur réalité n'ont pas tardé à fuser. Très brièvement, l'argumentaire défendait qu'il ne fallait pas mettre tout le monde dans le même sac, qu'il y a des Arabes très favorables à Israël, qu'il ne faut pas blesser les sensibilités etc.
Même sans réfuter cet argument qui résulte d'une recherche éventuelle à la loupe d'une rose photographiée à l'aide d'un microscope à balayage électronique dans un champ d'orties – puisque les urnes électorales parlent vrai et que les sentiments haineux des députés arabes de la Knesset profitent de la liberté d'expression en dépassant largement la dose prescrite mais non proscrite les concernant, de sorte qu'il ne reste pas de place au doute – c'est-à-dire que même en voulant le prendre pour vrai, n'y avait-il pas des Allemands qui réprouvaient le nazisme, ayant compté parmi les justes des nations qui ont risqué leur vie pour protéger des Juifs? Les défenseurs des deux poids deux mesures vont lanceront alors leur dernier mots, celui qui vient tout relativiser : «Oui, mais c'est pas pareil.»
Mais en quoi est-ce que ce n'est pas pareil?
Effectivement, ce n'est pas pareil. Le nazisme, acrostiche de nationalisme et socialisme, soit dit en passant, le pétainisme, le déicisme, pourquoi ce mot n'e fait-il pas partie du vocabulaire du correcteur ? Et ainsi de suite, sont autant de visages d'une même bête immonde. L'islamisme est le chouchou de cette liste, pour la bonne raison qu'il n'y figure pas. Encore plus fort : il est protégé par la terreur de la pensée, et qui le dénoncera sera pourchassé par une nouvelle milice d'Etat. Elle porte en France la bannière de l'islamophobie, drapeau rouge qui sera brandi sous les yeux de qui osera la montrer du doigt.
Et c'est pareil en Israël, à la différence près que la caricature n'est pas allé si loin, puisqu'il n'a pas été inventé de terme en hébreu pour faire peur aux gens, et que l'on y est resté à l'accusation moins sophistiquée de «racisme», qui n'est en l'occurrence que l'absurde dénonciation de l'aversion du Juif contre ce qui le hait. Donc, généralement, il existe une forme et une seule d'antisémitisme défendue par les autorités.
Il y a un hic, un blocage dans le raisonnement
Or, bien que le mensonge semble reculer et les cerveaux se dessiller, puisque l'opinion admet de plus en plus facilement que l'antisionisme est une forme ma déguisée d'antisémitisme, logique que revendiquent avec courage de plus en plus de politiciens du monde libre (si j'ose dire), il y a quelque chose qui bloque dans le raisonnement, qui n'est pas sans rappeler le cancre importuné par son professeur qui lui demande : «Allons, mon petit Toto, combien ça fait un et un?» Un attentat à la rue des Rosiers est antisémite même s'il est motivé par la «solidarité avec la "Palestine"». Et un attentat à Tel-Aviv? «Hein, mon petit Toto, comment ça s'appelle un attentat perpétré contre des Juifs au Delphinarium de la rue Hayarkon. Allons, Toto.»
Eh oui, ce n'est pas pareil. Les nazis sont recherchés jusqu'au bout du monde. On remuera la planète entière, à juste titre bien sûr… on ira en Argentine chercher Mengele, en Syrie sur les pas d'Alois Brunner, on amènera pieds et poings liés Eichmann ou Demjanjuk, tous ces nazis démoniaques qui avaient réussi lors de la défaite de l'Axe à échapper à leur procès. Mais on encensera Barghouti, honorera Arafat, Habash ou Abbas.
Les monstres de l'Europe doivent être pourchassés, la morale humaine ne saurait accepter leur impunité, et des hommes déterminés et infatigables, à l'instar du couple Klarsfeld, ne s'accordera aucun répit tant que justice ne sera pas faite. Et pour d'autres, non moins dangereux pour la paix publique et la protection des innocents, on se placera aux antipodes de ce qui va pourtant de soi. La signature des accords d'Oslo a été couverte par un grand tapage médiatique.
«C'est avec ses ennemis qu'on fait la paix». «Aimez-vous les uns les autres, oubliez les vieilles rancunes». Nous viendrait-il à l'idée d'oublier les vieilles rancunes contre les nazis en fuite, de faire table rase? Il est vrai que leur âge moyen frise la centaine, mais ce n'est qu'une question pratique. L'éthique ne saurait admettre cette impunité, et elle continuera à la considérer comme inadmissible même dans deux cents ans, tout comme le génocide arménien ne saurait être passé sous silence, bien que les assassins friseraient aujourd'hui l'âge de cent cinquante ans. Mais là, non seulement on nous demande d'oublier les vieilles rancunes, mais de ne pas nous formaliser pour les nouvelles. Les accords d'Oslo, l'introduction dans la bergerie d'Arafat et de ses sbires, puis le maintien de ses successeurs, ont semé la guerre non plus sur le front mais à l'intérieur des villes, dans les rues, les cafés, les maisons, et personne ne s'insurge réellement contre les ravages de cette forme de haine du Juif.
Il est vrai que cette aberration n'est pas née d'hier. D'entre les criminels de guerre jugés au cours du procès de Nuremberg puis condamnés, le seul de leur complice ayant bénéficié d'une protection d'Etat en Europe fut le mufti Husseini, protégé puis soustrait à la justice par la France, qui couvrit par la suite le départ d'Arafat de Beyrouth.
Les excuses que la (mauvaise) conscience accorde aux tueurs de Juifs, quand ces tueurs sont des adeptes de l'islam, sont démenties par la violence abjecte de leurs crimes. Les motivations d'inspiration arabo-musulmane se situent dans un no man's land. Elles sont une valise diplomatique de contenance illimitée où s'entassent toutes les formes anciennes de la haine contre les Juifs.
Et c'est ainsi qu'en dépit de principes moraux défendus entre autres par trois révolutions françaises, on admet qu'un bébé juif soit assassinée dans les bras de sa mère à une station de tram. Des gens très humains, avenants, paisibles au possible, agissent par désespoir, exaspérés par les Juifs qui éveillent la bête humaine qui sommeille dans les tréfonds d'une hérédité tenace et ancrée jusque chez le représentant le plus pacifique de l'espèce humaine. En d'autres termes, les Juifs l'ont bien cherché.
Tout comme ils le cherchaient bien quand les Croisés et autres Inquisiteurs  que la morale aujourd'hui condamne les châtiaient de leur témérité. Ils défendaient pourtant de profondes valeurs chrétiennes lorsqu'ils passaient au fil de leur épée les communautés de Worms ou de Navarre.
Les allégations contemporaines ne valent pas mieux. Car l'Argument avec un grand A, la si hérétique «Occupation» reprochée à Israël, chère aux grincheux automatisés, si roborative et valorisante, rivalise par son ineptie avec les motifs fautifs et les prétextes fallacieux d'antan. L'Olp, dont le l libérateur des haines frustrées est l'adoucissant d'un e exterminatoire,  a été fabriquée en 1964, soit trois ans avant la guerre de 67, marquée par la reprise par Israël du cœur de son berceau territorial, et l'on ment ouvertement depuis cinquante ans en nous faisant croire que c'est à la Judée-Samarie qu'ils en voudraient. Que l'on ne nous parle pas de «Cisjordanie», car nous pourrions revendiquer pour notre part le «Trans-Israël».
En remontant un peu plus loin, on nous dit que la création de l'Etat d'Israël en 1948 est la raison de la colère d'un monde arabe pourtant si inoffensif. Et que faire alors des pogroms de 1929 et de 1936? Ah, c'était à cause de Balfour et de San Remo, puisque 1917 et 20, c'était avant. Et que dire de la tentative ottomane de confisquer toutes les armes des Juifs de Palestine pendant la première guerre Mondiale, au moment-même où les Ottomans avides de sang massacraient systématiquement les Arméniens? Ils ont fait quoi les Juifs, avant 1914? Quant à l'octroi de la nationalité israélienne et à l'égalité des droits à des ennemis malencontreusement pris pour des ex, elle n'a rien fait. Les terribles incendies qui ont ravagé la région de Haïfa et de Jérusalem ont été allumés par des Arabes israéliens. L'octroi de la nationalité n'est pas, comme on peut le constater, une conversion à la cause d'Israël, et encore moins au judaïsme. Les derniers attentats sur le mont du Temple ont eux aussi été perpétrés par des Arabes israéliens.
Vouloir éloigner l'ennemi est une opinion dangereuse
Les observateurs politiques qui ont envisagé que la meilleure paix possible ne se ferait qu'en éloignant les populations ennemis, véritable terreau qui produit continuellement des tueurs de Juifs, ont été assassinés par les Arabes. Le Rav Kahana et Rehavam Zéevi n'ont pas pu faire valoir ce point de vue, bien que la réalité leur ait donné raison.  Du coup, plus personne aujourd'hui n'ose prononcer le nom de cette menace. Tout au plus, on revendiquera le droit des Juifs à vivre sur toute la terre d'Israël, sur toute la Palestine historique, patrie du peuple juif. Mais les revendications les plus courageuses occulteront avec beaucoup de précautions le fait que tant que Ramallah ou Oum-El-Fahem continueront à imposer leur présence, il y aura sur cette terre des régions interdites aux Juifs.
Et flatter les antijuifs en Israël par solidarité avec les Juifs de l'étranger?
J'ai parlé et discuté longuement avec des militants et politiciens de partis comme le Mapam, Rats, ou le Ma'arakh, dont le dernier est connu à l'étranger sous la dénomination de parti travailliste. Les formations politiques ont vécu des remaniements depuis. Mais, puisque les accords d'Oslo n'avaient pas encore été tentés, le débat portait sur deux points.
 Le premier, c'est que le peuple juif n'a pas souffert presque de deux mille ans d'exil pour faire cadeau de sa terre à son retour au premier venu. Un consensus voulait que toutes les factions politiques s'accordassent sur le lien d'appartenance entre le peuple d'Israël et la terre d'Israël. Nous avons eu droit, un ami et moi, à une réaction indignée de la part du célèbre Yossi Sarid, lorsqu'on lui a annoncé qu'on avait appris qu'il se serait déclaré prêt à ramener les frontières aux portes de Jérusalem.
C'est donc de ce consensus qu'est né le concept des «concessions douloureuses». Les partisans des cadeaux aux ennemis arguaient qu'ils préféraient ne garder qu'une partie de leur bien et vivre en paix ; à en garder la totalité et être toujours en guerre. Il fallait par conséquent leur expliquer leur erreur en relevant l'incohérence de leur équation et de leur en faire prendre conscience. L'argumentation consistait à dire que plus on leur accorderait de cadeaux, plus ils seraient gourmands, et moins ils seraient conciliants, persuadés qu'ils seraient de gagner par étape une guerre psychologique.
Et c'est à partir de là qu'est né le reproche qui nous a été adressé par la suite: «Comment, vous, défenseurs de la légitimité de la souveraineté d'Israël sur sa terre, vous osez la justifier par des arguments sécuritaires??? Alors que D. a créé la terre entière et accordé cette portion de terre à Abraham, Isaac, Jacob et leur postérité???» C'était au départ sortir la question de son contexte, bien que certains défenseurs eussent oublié à leur tour ce contexte.
Et que nous a-t-on répondu à l'argument sécuritaire, du cauchemar et des chantages à n'en plus finir qui s'ensuivraient? Eh bien, contre toute attente, à part quelques sombres illuminés qui croyaient à la paix – ou plus précisément en la paix – avec les ennemis comme en un dogme mystique – «Je veux croire que cela marchera», m'avait-on dit parfois – les plus avisés étaient d'accord sur le fond. Mais ils ont arboré un argument original, révélant les dessous de l'illogisme de leur démarche.
«Nous ne sommes pas seuls au monde. Nous pourrions en effet nous débarrasser en très peu de temps de cette menace permanente. Il n'y aurait plus d'attentats dans le pays. Mais il faut penser aussi aux communautés juives de l'étranger. Nous ne saurions les livrer à des représailles de masses qui n'attendent que ça, de gens sans scrupules, qui se vengeraient lâchement sur eux... et pas seulement dans les pays arabes. Je doute notamment que la France soit capable ou motivée pour défendre ses Juifs des organisations terroristes arabes.» Ce célèbre argument de la gauche locale est moins connu.
Amadouer les antijuifs en Israël rend légitime le même antijudaïsme en Europe
Il fallait donc redéfinir la problématique, et surtout ne pas agiter les démons de l'antisémitisme. Non, il fallait coûte que coûte cacher la vérité et ramener l'équation au cas classique d'un différend territorial entre deux nationalités, la juive et la pan-arabique. Il fallait aussi interpréter de mille et une façon le cri de haine qui motivait le crime, et qui était bien plus couramment «Egorgeons le Juif» que le fameux «Allah est grand» auquel se sont familiarisées de nos jours les démocraties occidentales et les capitales européennes.
Et c'est cette logique de minimisation de l'extrême gravité de la recrudescence des assassinats antisémites, phénomène d'autant plus alarmant qu'il se manifeste là où le Juif vit enfin sur sa terre et dans son pays, qui non seulement n'a pas épargné les communautés juives de l'étranger en voie accélérée d'extinction, mais qui a d'une certaine manière mis hors de cause l'antisémitisme musulman, là-bas en Europe. Et c'est bien entendu par ruse, par profit de l'occasion, que des dirigeants gouvernementaux ont ri sous cape et feint de ne voir qu'une «importation de conflit», là où les agressions contre les Juifs ont grimpé en flèche. «Allez chahuter ailleurs», quand les agressions à sens unique ont obligé les Juifs à se retrancher ou à quitter les banlieues ou tout simplement la France et l'Europe, cependant que l'antisémitisme sous ses «formes classiques» était toujours aussi sévèrement jugulé. C'est peut-être pour cela que la conversion à l'islam est tellement tentante, puisque vous pourrez alors donner libre cours à vos sentiments refoulés.
Le plus étonnant, c'est que des voix s'élèvent en Israël pour exiger de l'Europe qu'elle lutte contre l'antisémitisme motivé par l'islam. Il faudrait peut-être tout d'abord à cet effet que l'on reconnaisse le caractère antijuif primaire de la haine ressentie par les pseudo-Palestiniens, dont l'appellation est le tampon encreur casher de cette haine. Reconnaître qu'ils ne cherchent pas à obtenir un énième Etat musulman arabophone, mais à nous prendre le nôtre pour en faire un désert, il n'y a rien de plus salutaire.
Mais le mal est profond. Dans quelle région du monde est-il admissible qu'un groupe de non-Juifs se rassemblent et se mettent en marche dans l'intention de tuer des enfants juifs? Je vous le donne en mille. Comme je l'exposai plus haut, aucun média n'a titré : «Un pogrom contre des enfants juifs miraculeusement neutralisé». Non, le 30 novembre dernier, pour ceux qui ont relayé l'information, «des enfants ont été attaqués, un "Palestinien" a été tué par un accompagnateur sécuritaire.» Les enfants ne sont pas juifs, ils n'ont été attaqués par personne, ou peut-être par x, et l'appellation forgée par le narratif de la légitimation de la haine est dans le titre. Ce n'est pas encore gagné.
Mais la pérennité d'Israël ne sera pas démentie, et il sera délivré en dépit du manque de volonté et de conviction de ses dirigeants, tout comme Jérusalem a été libérée sans qu'aucun parti politique ne l'exigeât, et encore moins le gouvernement. Israël récupérera son pays, envers et contre tout, et D. fera seul les miracles, si Israël ne veut plus y prendre part. La guerre des Six jours a été gagnée miraculeusement, c'est indéniable, mais le leadership israélien y a été pour quelque chose ; par contre, concernant la guerre de Kippour, où, bien que l'effet de surprise a été démenti par la levée de la censure, quarante ans après les faits, la direction politique a accordé une vague de permissions sans précédent, dégarnissant les frontières. Et pourtant, Israël a repoussé son ennemi. Israël vaincra, qu'il le veuille ou non,  bé-ezrath Hachem.

Yéochoua Sultan ©   

dimanche 26 novembre 2017

Des rapprochements avec l'Arabie

Certains voient dans le rapprochement secret (sic cf. les médias) l'éclatement de l'avènement des temps messianiques. Ils n'ont pas tout à fait tort, sauf qu'ils risquent de se mélanger les pinceaux, car s'il peut s'agir de prédictions prophétiques, le cas serait moins à mettre en relation avec "de leurs épées ils forgeront des charrues" ou "le loup séjournera avec le mouton et la panthère paîtra avec le chevreau" qu'avec "forgez vos socs de charrue en épées et vos serpettes en lances" ou "et ce fléau venu du Nord, je l'éloignerai de vous" (Joël 4, 9-20).
Comment? Ce pays qui lance régulièrement des cris d'alarme en raison du trop faible effectif de bourreaux qualifiés, deviendrait d'un coup, comme par enchantement, l'un des alliés d'Israël?
Il ne peut y avoir ici tout au plus qu'une convergence d'intérêts tactique aussi brève que l'illusion de l'inscription de Vénus au centre du croissant de lune, autant pour eux que pour nous. N'oublions pas qu'ils ont dans leurs tiroirs un "plan de paix" qui renie aux Juifs du droit à la souveraineté sur le berceau de leur histoire à un simple pèlerinage subreptice.
Les Saoudiens à la riche tirelire s'attirent l'ire des voisins aux suffixes en ir , un jour, c'est l'Irak, un autre c'est l'Iran. Et cette Arabie oxydante antioccidentale se paie des alliés parmi les plus inattendus.
Un jour, c'est l'Amérique qui traverse la planète pour se battre contre l'Irak, un autre elle ferait travailler pour elle Israël?
Mais attention, une fois le service rendu, l'allié inattendu redevient le pire ennemi, et il faut le prouver au monde musulman. Or, si les 15 Saoudiens sur 19 terroristes des attentats du onze novembre n'étaient que des dissidents ou éléments marginaux pour ceux qui se sont entêtés à voir en l'Arabie un allié qui ne le fut que brièvement et très modérément, Israël doit a fortiori se méfier de tels ressortissants saoudiens, puisque l'Arabie, c'est juste à face, sur la droite en se tenant debout, le dos à Eilat.

Mais "sur le mont Sion et dans Jérusalem, le salut sera assuré" (Joël 3, 5).

dimanche 12 novembre 2017

Des progrès en Arabie contre la corruption? Je me disais aussi

Au début du mois de novembre, une information incroyable nous est parvenue en direct d'Arabie Séoudite. Le prince Héritier se serait en effet lancé dans une croisade de purification du pouvoir, jusque là dans les mains de diverses tendances qui prenaient toujours leurs décisions au terme de discussions, d'influences et pour ainsi dire selon la majorité. En termes plus manichéens, on avait une sorte de débat qui rappelle celui des régimes démocratiques, quand les influents échangeaient entre eux des mots critiques.
M. ben Salman, donc, a pris les devants pour une purge sans précédent. Une vague d'arrestations, de meurtres et de fuites vers l'Iran s'est ensuivie. Le plus étonnant et invraisemblable, c'est qu'il aurait agi au nom de la lutte contre les rouages corrompus de son pays. Les personnes inquiétées sont aussi bien des princes que des hommes d'affaires influents, qui tenaient jusque là les rênes du pouvoir. Certains étaient même versés dans la finance internationale.
D'aucuns se sont dit : enfin, le pays des coupeurs de têtes se met à émerger, c'est pas trop tôt. D'autres ont trouvé l'affaire tellement hallucinante qu'ils ont pensé que l'interprétation de ce qui se passe outre-désert est soit une erreur, soit une mauvaise farce. Or, vu que le site qui est souvent le premier à nous dire ce qu'il se passe au Moyen-Orient bien avant les autres, le seul à avoir prémonitoirement mis un sérieux bémol au printemps arabe, j'ai nommé Debka, se trompe rarement, j'ai décidé d'aller y jeter un œil.

Il semble en effet que le partage du pouvoir soit une donnée inconnue en ces contrées, et que ce qui gênait ce roitelet n'était pas tant la corruption que cette espèce de frein à la dictature monarchique.

vendredi 3 novembre 2017

Foi ou athéisme, ou comment les mêmes observations conduisent à des idéologies conflictuelles

L'histoire ou la face cachée
Un vent puissant, une inondation, une déclaration politique… autant d'événements qui peuvent être rattachés ou détachés de la volonté du Créateur.
Deux angles opposés et de même sommet s'affrontent dans l'appréhension du cosmos et de tout ce qu'il contient : le religieux et le laïc. Le premier attribue des forces supranaturelles, transcendantales, à la création. Le second explique tout scientifiquement, rationnellement, et ce qu'il ne parvient pas à résoudre, il a bon espoir d'y parvenir un jour. Nous allons nous interroger sur les principes de dichotomie ou de compatibilité entre la foi et le cartésien. .
Le superstitieux et le rationnel
Un volcan entre en éruption. Une peuplade primitive vit en-dessous de lui, dans la plaine. Elle humanise le volcan, lui prête des intentions, de la colère. Elle s'en remet à sa clémence, sa bonté. Ses notables déposent des offrandes, des simples oranges aux sacrifices humains, pour l'apaiser. Que le volcan cesse de gronder, et ils attribueront cette annulation du funeste décret à leur intervention. Le scientifique sourit, et peut leur expliquer, si seulement ils sont prêts à l'écouter, les phénomènes tectoniques sous-jacents, les faiblesses et les failles de la croute terrestre, le magma qui sommeille en-dessous.  
Récemment encore, chez les Papous, on se livrait au cannibalisme. Ça n'avait rien de méchant ; au contraire, on montrait en consommant la chair fumée des chers disparus combien on les aimait. D'ailleurs, tout le monde n'avait pas droit à ce privilège, seulement les plus proches, et un rituel précis prévoyait la répartition des membres du défunt à ceux de la famille. Ainsi, dans une contrée de l'Est de la Nouvelle-Guinée, chez les tribus Foré,  alors colonie britannique, beaucoup mouraient, frappés par le kuru. Deux groupes se livraient une guerre acharnée, s'accusant mutuellement de dispenser généreusement des malédictions à l'autre camp. Le kuru, qui faisait perdre au malade le sens de l'équilibre, sa lucidité, son appétit, provoquait aussi des tremblements dont l'origine remontait sans coup férir à des pratiques de sorcellerie. La maladie a été comparée à celle de la vache folle ou plus exactement dans leur cas au syndrome de Creutzfeldt-Jakob. Et pourtant, impossible de conjurer le mauvais sort. Les Anglais, garants de la civilisation et de ses valeurs, ont interdit le cannibalisme, et, pour se faire obéir, ils ont désignés des surveillants locaux. De la sorte, cette pratique a pris fin. Simultanément, par extraordinaire, alors que les recherches de médecins européens ayant vécu longtemps au milieu des Papous n'ont pratiquement rien donné, bien qu'ils soient allés jusqu'à mettre en confiance un chef pour qu'il les laissât prélever un échantillon de cerveau d'une jeune victime, afin de l'inoculer à des bonobos et de constater que, de cette manière, le mal était contagieux, la maladie disparut comme par enchantement.
Nous pourrions conclure que, s'étant humanisés, ils obtinrent une bénédiction du Ciel qui leur accorda la grâce et la guérison miraculeuse. On peut dire aussi que la consommation des cellules malades et contagieuses des défunts ayant pris fin, les jeunes papous comme les vieux ont tout simplement arrêté de se contaminer.
Mais l'un empêche-t-il l'autre?
Expliquons-nous. Il est effectivement facile de s'accorder le beau rôle du scientifisme et de l'athéisme en se mesurant à des superstitieux, à des gens qui se réfèrent à mille et un dieux, qu'ils soient sophistiqués comme ceux de l'Olympe ou plus bruts, impliquant la déification de chaque élément, montagne, torrent, soleil, et à plus forte raison les éléments frappants l'imagination ou frappants tout court comme les volcans, les tsunamis, les éclairs et le tonnerre... Mais il est peut-être moins aisé de s'attaquer au véritable monothéisme, celui des Hébreux devenus Juifs et témoins de la Révélation. Car qui a dit qu'un phénomène naturel explicable scientifiquement n'est pas en soi l'émissaire qui vient exécuter la sentence divine?
Une difficulté majeure se retrouve dès qu'il est question de châtier les créatures, quand leur sort est irréversiblement scellé. Nous nous arrêterons succinctement sur trois événements bibliques significatifs. La génération dite du déluge, la plaie des sauterelles et l'anéantissement de l'armée pharaonique dans les eaux de la mer des Joncs. Si nous partons du principe que l'Eternel a non seulement créé les cieux, la terre, etc., mais que de surcroît il en maintient à tout instant l'existence, pourquoi ses décrets sont-ils réalisés par les voies naturelles? Au lieu de retirer la vie à la génération de Noé, comme il le fit en ne restituant pas leurs âmes aux soldats de Sennachérib assiégeant Jérusalem sous le règne d'Ézéchias, nous constatons en lisant simplement le texte qu'il faut d'abord quarante jours de pluies, puis une deuxième période équivalente pour que les montagnes les plus hautes soient submergées, et enfin une dernière pour que le niveau redescende. Pour la plaie des sauterelles, le texte est explicite : c'est un vent qui les apporte, et c'est encore un vent qui les emporte. Quant à l'ouverture de la mer, il est bien précisé qu'un vent puissant a soufflé toute la nuit précédente. Donc, tous ces phénomènes peuvent être expliqués scientifiquement : la pluie, l'inondation, la tempête, un phénomène ponctuel de marée basse…
Les sources racontent que Titus avait bien compris le principe. Dieu se sert des éléments pour exécuter ses décrets. Après la destruction du Temple, Titus prend la mer. Elle commence à s'agiter. Il défie le Créateur. «Bien sûr, tu ne te sens fort que sur l'eau. Tu es bien moins efficient sur la terre ferme.» La mer redevient calme. Puis un insecte ailé s'introduit dans la narine de Titus, se loge dans ses sinus et bourdonne. Impossible de l'en extraire. Le supplice se fait de plus en plus insoutenable, et ce n'est qu'en se tenant près d'un forgeron qui frappe le métal que Titus peut ressentir un soulagement. A sa mort, on retira de son cerveau un énorme moustique. Quel entomologiste zélé nous donnera le nom de ce nématocère? Car voici encore un phénomène qui peut s'expliquer rationnellement.
Dans ce contexte, un autre phénomène remarquable met en scène les éléments naturels. D'ailleurs  il nous ramène une fois de plus au thème du volcan. Pompéi est bien connue, moins qu'Herculanum, Oplontis ou Stables. Ces quatre imposantes cités romaines de Campanie ont été détruites en quelques heures par un feu tombé du ciel, soit par l'éruption du Vésuve, plus rationnellement parlant. Cette brutale disparition de villes entières n'est pas sans rappeler les quatre villes dont la culture générale a surtout retenu les noms de Sodome et Gomorrhe. Dans les deux cas, les cites sont restés dans leur état de désolation. Le plus fort, c'est qu'à Pompéi, si jamais on chercherait à remettre en question cet événement, des fouilles ont permis de retrouver les habitants de la ville  dans le feu de l'action, si l'on peut dire, dans ce à quoi ils étaient occupés au moment où la pluie incandescente les a surpris. C'est à Pompéi que vivaient les dirigeants romains, le gratin d'une société qui n'était pas étrangère à la destruction du Temple. En 62 de l'ère vulgaire, la région subit un premier tremblement de terre. Le sol se montre nerveux en 70. Du mois d'août 70 au mois d'août de l'an 79, de la destruction de Jérusalem aux villes nanties de Rome anéanties dans la foulée, il est bien entendu tout à fait possible d'expliquer le plus scientifiquement qu'il soit ce qui s'est produit.
L'observation de la nature, remercier Dieu ou le renier
Il est en principe impossible de prouver scientifiquement l'existence de D., puisque le scientifique raisonne sur le mesurable. Mais il nous reste le raisonnement par l'absurde. Ce procédé démontre que ci le phénomène x qui représente l'antithèse du phénomène y est impossible, alors la réalité d'y s'impose.
Aristote, Platon, et les autres, sont connus pour leur position sur la question de la création. Ce qui les dérange, c'est qu'il ne peut y avoir de création sans créateur, et on le retrouve à tous les niveaux de ce qui est fabriqué sur terre par un être vivant : la maison de l'homme, le barrage du castor, le nid de la pie… Et c'est là que la solution desdits philosophes est originale. Pour eux, le monde n'a pas été créé, pour la bonne raison qu'il a toujours existé. C'est une situation donnée connue depuis toujours, depuis que l'homme est homme. Leur position est solide. Ce n'est pas à eux de prouver que le monde a toujours existé, mais à ceux qui le contestent de prouver son contraire. Tout au plus admettent-il cependant une cause créatrice, mais pas dans le sens où l'entend le judaïsme, ni les religions qui en dérivent ou s'y greffent, et la nuance est énorme : car pour eux la matière est préexistante et c'est elle qui permet à l'entité créatrice d'inférer des formes à la matière, un peu comme le plus brillant des peintres utilisera dans tous les cas des matériaux, toile, couleurs, et des outils, contenants, pinceaux…
C'est un problème de vocabulaire qui nous fait penser que le philosophe et le rabbin ne discutent pas sur un malentendu, dans un total quiproquo, et qu'ils débattraient sur la même longueur d'onde. En effet, le verbe bara, dans le premier verset de la Genèse, est traduit par créa. Le problème, c'est que le verbe suivant, qui porte la racine yaçar, est aussi rendu par créer. Or, il ne peut en être ainsi, puisque le premier verbe indique une création à partir du néant, et le second à partir de la matière. Ce second sens se retrouve aujourd'hui encore, puisque l'homme se crée à partir de la terre, en tant que dernier échelon de la chaîne alimentaire qui démarre à partir des sels minéraux contenus dans le sol, de l'eau qui est aussi un minéral, et subissent diverses transformations pour devenir la matière physique de l'homme. Yaçar devrait, au nom de la précision scientifique linguistique, être rendu par former, ou transformer.
En revanche, l'idée créatrice et le principe de l'expansion de l'univers chers à la physique cantique n'impliquent non seulement aucune contradiction entre l'idée du Créateur et le raisonnement scientifique, mais pourraient bien signifier que tous ces phénomènes physiques et biologiques doivent bien avoir un auteur, qui créa le temps en même temps qu'il créa l'espace.
Il en est de même pour la difficulté de l'incompatibilité à première vue entre la matière et le spirituel. Or, l'idée générale des tissus, qui se restreint aux dimensions de la molécule, puis de l'atome, lui-même composé d'un noyau aux protons chargés positivement et aux électrons de charge négative qui gravitent autour de celui-ci en laissant un énorme vide, aboutit au principe de la non-existence de la matière, pure apparence, qui se réduit à un assemblage, une relation, une interaction entre des phénomènes et des forces qui donnent l'image si réelle et si solide de ce qui devient concret pour la perception de nos sens.
Une autre idée, celle de l'élaboration des espèces, quand sont extraits des couches géologiques plus anciennes des organismes moins complexes que ceux des couches plus récentes, suit elle aussi le déroulement chronologique biblique des six jours de la création, allant d'une mer déserte à l'apparition des continents, puis du protozoaire au mammifères dont l'homme est le sommet, s'il est permis de s'attacher dans le récit de la création au sens obvie du texte.
Donc, les mêmes réalités entraînent des effets opposés, puisque des mêmes observations on aboutit à de véritables postulats, à deux systèmes dont l'un reconnait le Créateur, et l'autre le renie. Et s'il existe un élément qui, par excellence, illustre cette divergence, c'est bien le singe. Sa ressemblance avec l'homme est plus que frappante. Il est immanquable que, lors d'une visite au jardin des plantes ou dans n'importe quel zoo, vous ne trouviez pas un air de famille entre tel orang-outan et tel voisin pensif, ou telle antelle ou ouistiti et tel enfant turbulent de votre voisinage. Encore une fois, les réactions seront divergentes. Soit vous vous attacherez au dogme évolutionniste qui vous fera voir en ce singe par raccourci votre grand-père, soit vous remercierez Dieu pour avoir échappé à ce côté identique par la différenciation que vous procure «juste l'âme pure dont la finalité consiste à comparaître devant le Roi des Rois, le Saint béni soit-Il», cette âme qui vous attribue le discernement et le libre arbitre, comme le suggère le rituel de prière, le Sidour, au chapitre de la prière du matin.
Le gardien de son frère
Une autre difficulté, de taille, elle aussi, se retrouve dans les brefs récits de la Genèse que le monde entier connaît par cœur. C'est cette sorte de mouvement d'aller-retour constant, d'approche et d'absence, pour ainsi dire, du Créateur auprès de sa création. Un ordre est donné, ou établi. Adam ne doit pas consommer le fruit de la connaissance – préférons à ce terme celui de discernement – et Caïn, froissé de s'être vu refuser son offrande, reçoit un encouragement divin doublé d'une terrible mise en garde. Il lui est enjoint de s'améliorer, sans quoi le péché, tapis à sa porte, prendra possession de lui. On remarquera qu'à chaque fois, après la faute, Dieu interroge le fauteur. Il cherche quelqu'un : «Où es-tu?» «Où est ton frère?» Adam reste humble. Il tente piteusement de se justifier, aggravant en fait son cas, puisqu'il est qualifié d'ingrat par les exégètes, reprochant au Créateur son merveilleux cadeau : «c'est la femme que tu m'as donnée». Quant à Caïn, il renvoie l'accusation à Dieu ; car lorsqu'il rétorque : «Suis-je le gardien de mon frère?», qu'insinue-t-il exactement? «Le gardien, c'est toi. Où étais-tu quand cet assassinat s'est produit?» Un homme en assassine un autre, et la question, c'est de savoir où était Dieu à ce moment-là?!
Qui responsabilise l'homme acquitte Dieu. Et qui déresponsabilise l'homme l'accuse. Le prophète vient renforcer cette double relation, avec les deux côtés de la même médaille : «Béni soit l'homme qui place sa confiance en Dieu…» «Maudit soit l'homme qui place sa confiance en l'homme». Peut-être cette mise en garde vient-elle nous prévenir qu'il faut prendre au sérieux les menaces des régimes humains, des mouvements idéologiques destructifs et menaçants, sans chercher à les excuser et à minimiser le danger potentiel qu'ils représentent, sans les décharger en accusant la conjoncture, sans se dire qu'ils finiront par se calmer, qu'ils ne pensent pas vraiment ce qu'ils disent. Il est très important de ne pas négliger les signes avant-coureurs d'une catastrophe qui se prépare, fomentée par le genre humain.
Mais le libre arbitre de l'homme peut-il faire échouer le programme de Dieu, qui consiste à l'amendement du genre humain, en imposant une direction radicalement opposée? Puisque l'homme part dans toutes les directions, c'est à l'homme, à titre individuel, de distinguer et de déterminer dans quelle voie humaine se retrouve celle de Dieu. Prenons le cas de la destinée nationale du peuple d'Israël. Plusieurs directions, plusieurs tentatives ont animé les Juifs. Certaines options venaient de leur propre cru, d'autres avaient été suggérées de l'extérieur. Il y a eu les aspirations du Bund, l'idée du Birobidjan, l'idée de trouver une terre promise dans l'immensité de l'Amérique du Nord, ou encore l'option en Ouganda. Il y a eu aussi l'idée de faire partie prenante d'autres nations éclairées, pour finir fusées éclairantes cherchant à nous débusquer. Une seule a fonctionné, en dépit de toutes les forces qui s'acharnent contre elle pour la faire échouer ou la vider de sa substance, de ces forces qui tentent d'en faire un pays comme les autres, pas mêmes exclusivement celui de la nation juive.
Aujourd'hui, nous célébrons le centenaire de la déclaration Balfour, un événement politique parmi tant d'autres, qui remonte à l'époque de l'aube de la décolonisation, quand les nationalismes du monde entier se sont mis à revendiquer leur indépendance. Cette toile de fond a fait que les Juifs aussi se sont dit qu'ils avaient droit au retour de leur souveraineté perdue, ces Juifs redevenus Palestiniens, puis Israéliens dès leur indépendance. Une fois encore, c'est par les voies naturelles et politiques que l'histoire avance à grands pas. D'un pharaon tyrannique qui pousse naturellement vers la sortie d'Egypte, à une Europe et un monde arabe chaotiques, qui poussent vers la sortie d'Edom.
L'histoire, l'avancée de la destinée collective de l'humanité, derrière laquelle le Créateur cache ou révèle sa face ; les trois lettres STR, selon le système étymologique consonantique hébraïque ou plus largement sémitique, racine du mot hiSToiRe, forment en hébreu le mot SéTeR, caché «cacher je cacherai ma face», «aster astir panaï». A l'homme de le voir ou de ne pas le voir.

Yéochoua Sultan © 

jeudi 26 octobre 2017

Les homos sont-ils des hétéros refoulés?



Le titre de cet article s'inspire de celui d'un livre qui interpelle et attise la curiosité. Il est de prime abord intéressant de se pencher sur l'introduction de la notion d'hétéro dans le langage courant et sur l'importance qui lui est attribuée. Il est vrai que ce mot n'est pas né de la dernière pluie, puisqu'il est issu du grec ancien, ἕτερος. Il intervient en principe comme préfixe d'un mot dont  il rentre dans la composition.
 Étymologiquement, il signifie : autre, ou l'autre. Pourtant, la rue, les médias aidant, on s'attend assez peu, lorsqu'il est prononcé, à entendre une suite qui nous donnerait en entier le mot hétérogène, terme courant malgré tout et antonyme d'homogène. On s'attendra encore moins à l'entendre composer le terme d'hétérozygote, par opposition à homozygote, respectivement associés à la reproduction par accouplement entre deux sujets aux génomes distincts et à la reproduction asexuée, par mitose, comme chez les amibes, par exemple, donnant à tous les coups des clones.
Paradoxalement, le préfixe hétéro suggère la tolérance, l'acceptation de l'autre, la prédisposition à construire quelque chose de solide avec quelqu'un qui est fondamentalement différent de soi, au point qu'aucun degré d'identification à l'autre ne nous permettrait de nous changer en ce qu'il est. C'est le cas de l'hétérosexualité, et c'est d'ailleurs à ce concept que nous pensons par automatisme, sans aucune aide extérieure ou aucun effort des méninges, formatés que nous sommes par les sujets que l'on nous rabâche toujours dans nos oreilles.
Notre titre n'échappe pas à ce conditionnement, pas plus que celui dont il s'inspire, et le lecteur averti par ce même conditionnement a vu juste quand il ne s'est pas dit que le sujet du présent papier virtuel ne traiterait pas de l'antinomie entre l'hétéronomie et l'autonomie, bien que ce dernier terme ne présente pas la même graphie préfixale.
Le danger de l'association réflexe
Mais en quoi cela dérange-t-il que l'hétéro soit toujours invoqué dès que l'homo est évoqué?  Parce que la manipulation des esprits et des mœurs les met sur un pied d'égalité, montant le dernier sur un piédestal, puisqu'il semble que l'on ait affaire à une option binaire, issue d'une pensée binaire, manichéenne, comme s'il s'agissait d'un choix a priori délibéré à prendre dès l'adolescence, à l'instar d'un goût plus prononcé pour une couleur que pour une autre. Votre préférence se porte-t-elle sur le bleu ou sur le vert ; sur la glace à la  fraise ou à la pistache ? «Non, moi, c'est plutôt les femmes», pourrait-on répondre après mûre réflexion, en ajoutant presqu'un «quoique», comme s'il était mal vu de ne pas laisser planer un doute.
Les délices au-dessus des règles bienséantes
Et c'est là que le plaisir est hissé dans l'échelle des valeurs au-dessus des principes moraux traditionnels, méprisés, piétinés, et enfin diabolisés, à tel point que si vous êtes personnellement parvenu à vous soustraire au bourrage de crâne, vous serez terrifié à l'idée d'émettre la moindre opinion défavorable vis-à-vis de ce second choix.
Illustrons notre propos par une anecdote. Dans une école laïque, un enfant juif ne consommait pas certaines viandes. Un jour, l'un de ses camarades, non-juif, profondément peiné pour lui, s'arrangea pour lui faire manger un morceau de porc à son insu, en le lui glissant discrètement dans son assiette. «Alors, c'était bon?» «Ben oui, mais pourquoi tu me demandes ça?» Rayonnant, l'ami triomphe, plus que satisfait de lui avoir prouvé qu'il avait tort. Ce même ami ne comprit pas l'irritation morale et physique provoquée par son aveu, à tel point qu'il se mit à penser qu'il était en butte à de la mauvaise fois, comme si son voisin de table était incapable de reconnaître qu'il avait tort.
Fort de son ingéniosité, ce même démarcheur en dégustations parvenait pourtant à l'occasion à faire apprécier à d'autres amis mangeant de tout la qualité du saucisson d'âne. Sa famille, anciennement cynophage, lignée de bouchers, s'était reconvertie au début du XIXème siècle dans le cheval, après qu'un dégoût généralisé eut saisi la population à l'endroit des boucheries canines. Cette parabole se retrouve analogiquement dans le phénomène de l'homosexualité. Un film belge de la fin des années deux mille met en scène un éraste profitant d'un éromène sans que celui-ci n'y trouve le moindre problème éthique, puisqu'il se fait expliquer que le plaisir procuré par les pratiques de l'adulte est bien plus intense que ce que produisent les capacités débutantes de sa petite amie dont il provoque la rupture de la relation avec cet éphèbe.  
Dans un atelier de désintoxication des idées reçues par inculcation, pendant sa période de mission auprès des communautés juives stationnées à l'étranger, la rabbanite D, installée de longue date à Jérusalem, se heurte à l'égalisation des opposés imposée dans les cerveaux. Ce constat dépassant largement l'entendement, elle se voit s'écrier avec retenue : «Mais, non, ce n'est pas normal! Vous ne pouvez pas dire que c'est normal!» s'insurge-t-elle lorsqu'elle s'entend dire qu'il ne s'agit que d'un choix entre deux options équivalentes. Il aura fallu que l'une des participantes à l'atelier lui explique : «Pour nous, ce n'est pas normal, parce que nous avons un système de valeurs qui nous accompagne depuis le début de notre existence. Nous avons un code stable et solide. Mais pour les autres, rien n'est stable, la morale se fait et se défait, s'affirme ou se contredit. Un jour, tel principe incarne le mal, et un autre jour, il incarne le bien. Ben tenez, chez les Grecs, par exemple, c'était un honneur, ces pratiques. Elles étaient réservées à des gens influents et distingués dans leur cité.  Eh bien, qu'ils disent et pensent ce qu'ils veulent. Je ne vois pas pourquoi on devrait se prendre la tête avec eux. » La rabbanite en fut profondément songeuse et dubitative. Pour peu que les valeurs s'inversent, après être passé par le point d'égalité, et que le mariage hétérogène devienne interdit… sembla-t-elle se dire interdite.
Ce qui normalise cet aspect de choix
L'athéisation de la société n'est pas étrangère à ce qui se produit aujourd'hui. Dans l'Antiquité, le culte idolâtre aux multiples dieux favorisait la pédérastie. La palestre, cadre qui réunissait les adolescents, dans la société grecque, servait d'une certaine manière de vivier où se fournissaient les protecteurs précités, et était elle-même placée sous la protection du dieu Hermès. Le polythéisme en tant que religion 'est pas le garant de valeurs éthiques telles que nous les trouvons dans la Torah. Bien au contraire, puisque nos Sages expliquent que l'engouement pour l'idolâtrie, qui pouvait toucher aussi bien les membres du peuple ayant vécu la Révélation sur le mont Sinaï, n'était pas motivé par une recherche d'une vérité parallèle, mais bien par l'envie de se débarrasser du joug des commandements et de s'abandonner à tous les délices charnels possibles, étant donné que les pratiques du Baal et autres mentors libéraient totalement les mœurs, dans tous les sens du terme.
Dieu a créé l'univers et tout ce qu'il contient. Il a donné à l'homme, ainsi qu'aux mammifères entre autres, l'ordre de faire perdurer leur genre. Or, tout comme l'homme se doit de se nourrir – il doit commencer par se maintenir lui-même avant de penser à se maintenir en tant qu'espèce, du fait que son immortalité propre est limitée dans le temps – et tout comme il est récompensé de cet entretien par la saveur contenue dans ses aliments, il est pareillement motivé ou stimulé par la pulsion qui le pousse à se reproduire et par la récompense, soit le plaisir et le contentement procurés par l'accomplissement de l'acte impliquant ladite reproduction.
En revanche, tout comme les anciens Romains se contentaient de la récompense liée à l'obligation de s'alimenter – il est vrai qu'ils s'en acquittaient préalablement largement – (ce qui est connu du grand public par le travail conjoint de Goscinny et Uderzo), à savoir la satisfaction produite par le manger, étant donné qu'ils quittaient la table pour se faire volontairement vomir pour faire de la place, le produit moderne de la société se contente de la récompense inhérente au processus de la reproduction sans s'acquitter de son devoir de reproduction.
En d'autres termes, il touche le salaire sans fournir le travail. Cette démarche ne se trouve pas exclusivement dans cet aspect de la vile. Le principe consistant à toucher de l'argent tout court dépasse largement ce cadre et s'impose dans le monde du travail, qui perd son sens premier et fait place au monde des prestations sociales. Est-ce l'appât du gain sans effort qui crée la crise, ou la crise qui oblige les gens à survivre par les aides sociales?
Toujours est-il que, dans un processus a priori de reproduction où l'on a su profiter de la satisfaction des gestes qui lui incombent tout en lui tournant le dos, dans un monde moderne où l'acte reproducteur n'implique absolument plus l'idée de faire des bébés, qu'importe-t-il sur le plan social, technique, etc., que l'on se mette à former des couples hétéros ou des paires homos? Car ils sont nombreux les trucs et astuces qui tournent en dérision les pulsions et récompenses qui, jusqu'à la découverte des moyens contraceptifs pour tous, ont tout de même fait que l'espèce humaine s'est maintenue à ce jour. De rares et clandestins, ces moyens sont devenus répandus et légaux, et tout le monde a oublié que l'acte sexuel, au niveau de son essence conceptuelle était concepteur ; il servait au départ à faire que l'homme maintiennent son existence à travers les âges.
Par extension, stratégiquement parlant, si vous avez une dent contre un pays, un peuple ou une société, le meilleur conseil serait de l'inonder de moyens contraceptifs, au meilleur marché possible, en effectuant en rase-motte des parachutages par exemple, voire en lui donnant de l'argent, et de faire pression sur les autorités de ce pays pour en obtenir non seulement la légalisation mais pour qu'il fasse en sorte qu'il soit interdit de ne pas sortir couvert de tous ces moyens. Vous verrez comment en très peu de temps, à l'échelle historique, vous aurez fait diviser par deux ou quatre la population qui vous dérange, quand les irréductibles partisans du principe selon lequel tout salaire s'accompagne de l'acquittement d'une obligation se raréfieront.
L'homme a été dépassé par sa créature, le progrès, par ses découvertes et ses inventions. L'intelligence n'a pas suivi, et l'hébètement a fait place à la perspicacité sans que ne soient développées des défenses. On n'est pas loin du thème suggéré par la science fiction qui voit des humanoïdes supplanter leurs créateurs humains. Ici, c'est le préservatif qui provoque à petit feu l'extinction de l'espèce humaine. Après tout, elle récolte ce qu'elle sème : «Merci, mon Dieu, pour les mécanismes de la pulsion et du plaisir, su stimulus et de la récompense, mais je ne m'en servirai plus, à partir de maintenant, pour propager et maintenir ton image à l'effigie de laquelle j'ai été créé. Donc, dégage.»
Et de la même façon que la créature a congédié son Créateur – d'où le choix du terme athéisation et non de laïcisation, ce dernier se rapportant plus à l'éviction de la mainmise presque deux fois millénaires du clergé sur le cerveau et la liberté humaine – c'est au tour de ce que l'homme a mis au point de provoquer son déclin.
Si un jour des extraterrestres débarquent sur la terre, ils y trouveront l'empreinte des diverses civilisations humaines, du Machu Picchu à la tour Effel. Etudiant cet environnement nouveau et désolé, ils finiront par trouver un objet insolite, imperméable et visqueux, gaine qui se déroule en s'allongeant, et s'écrieront : «Eurêka! C'est cette créature pourtant inoffensive en apparence qui a anéanti la civilisation humaine».
Bien entendu, il ne s'agit pas ici de faire le jeu des partisans politiques de la lutte intégriste contre la contraception à n'importe quel prix. La surpopulation nuit certes à la planète et à ses ressources, mais réduire le taux de natalité en Europe ne résoudra pas le problème de la surpopulation, comme on le voit aujourd'hui, tandis qu'un trop fort dépeuplement, s'il réussissait, risquerait bien de ne pas se contenter d'être néfaste sur une simple période de transition, le temps que le vieillissement de la population se résorbe à la longue.
En quoi le Grec ancien a-t-il l'avantage sur l'Européen moderne? Ou comment le  même comportement n'était pas chez lui synonyme de désertification humaine
Comme l'a saisi le lecteur, il s'agit moins ici de traiter la question sous l'angle de l'étique ou de la morale que sous les aspects sociaux qu'elle implique. L'éraste de la société grecque menait en parallèle une vie de famille. Son espèce se régénérait donc.
Quant à l'acte d'amour classique pour lequel on ne retient que le plaisir sans s'acquitter de son devoir envers la pérennité de l'espèce, un ancien Midrash cite à ce sujet un fait intéressant, qui montre que non seulement les anciens n'avaient aucun retard technique sur la conception des modernes, mais qu'ils savaient aussi travailler avec leur tête. Aux premières générations de l'humanité, chaque homme engendreur était bigame. Il avait une épouse pour fonder une famille, et une autre pour profiter des plaisirs charnels, dont il condamnait la fécondité par un verre d'un élixir définitivement contraceptif, «cos chel akarin», qu'il faisait boire à sa reine de beauté.
Aujourd'hui, on ne travaille plus et on ne raisonne plus que pour les aspects charnels de la personne. La situation est tellement préoccupante qu'un médecin, un jour, déplorait que tous les efforts de la recherche scientifique étaient concentrés sur les problèmes de l'érection et de la longévité, et qu'on n'investissait pas le moindre centime dans le solutionnement des problèmes cognitifs, du raisonnement et de la perte de la mémoire, de sorte que nous devons nous attendre, dans un futur plus ou moins proche, à vivre dans une société où les hommes seraient tous de très virils centenaires ou bicentenaires ne sachant plus depuis longtemps à quoi peut bien servir ce membre énorme qui se dresse au-dessus de leur entrejambe.
L'intelligence du pessimisme
 D'aucuns s'opposeront à ce constat, et justifieront la recherche exclusive du plaisir séparé de la fonctionnalité du geste qui le génère, en arguant que c'est précisément dans cette façon de vivre que se révèle l'acuité exceptionnelle de l'intelligence de l'homme. Certes, une telle intelligence existe : c'est l'intelligence du pessimisme qui ne voit pour avenir qu'une issue apocalyptique. Il s'avère que cette intelligence est par excellence contre-productive, pour reprendre vraiment à bon escient ce concept nouveau.
L'humanité a d'abord été, dans son époque moderne, traumatisée par deux terrifiantes guerres mondiales. Comment les sociétés humaines pouvaient-elles mourir et s'anéantir les unes les autres à un tel rythme? Puis ce fut le tour de la guerre Froide, où les blocs Ouest et Est rivalisaient en un macabre concours de qui était capable de faire exploser le plus grand nombre de fois notre pauvre planète. Aujourd'hui, c'est le réchauffement climatique, la pollution, l'effet de serre et l'épuisement des ressources.
On comprend mal comment ce dernier acte du pessimisme n'est pas contré par un frénétique instinct de survie traduit par une véritable course aux énergies nouvelles. Pourquoi ne pas dire adieu le plus vite possible à ce pollueur de pétrole, pourquoi ne pas passer tout de suite à l'énergie solaire? C'est à croire que le pessimisme est devenu un dogme, un tabou qu'il ne faut pas démolir. Ce pessimisme épicurien, au sens de la philosophie de ce terme, reprend une autre idée grecque redevenue à la mode : «Mange! Bois! Car demain tu mourras!» On en reprend la devise à peine modifiée en passant de l'individu temporaire à l'ensemble de la race humaine : «Profite! Fais-toi plaisir! Car c'est la dernière génération où c'est encore possible!»
Donc, pourquoi, puisque tout ira inéluctablement plus mal, apporter une nouvelle génération de pauvres gens qui n'ont pas demandé à venir au monde? Et le plaisir, qui peut nous donner des leçons en nous imposant qu'il ne se réalise que par association hétérogène?
Le plaisir s'érode
D'une certaine manière, peut-on se dire, tout est pour le mieux! Le monde va s'écrouler, on n'y peut rien de toute façon, alors pourquoi s'en faire? Ça ne le rendra pas meilleur que nous nous angoissions. Donc, on profite et on est heureux. Enivrons-nous, oublions les problèmes de la planète, de la société, enivrons-nous au rythme des plaisirs de la chair et essayons-nous à toutes ses formes ! Seulement, il y a un hic. Les plaisirs les plus courts sont les meilleurs. «Tu as aimé le film?» «Oh, oui.» «Alors, reste assis. Je vais te le repasser en boucle, en séance continue. Quand tu l'auras vu cent fois, tu seras cent fois plus heureux. Après, je t'en passe un autre».
Ridicule? Mais regardons autour de nous, c'est pourtant exactement comme ça que ça fonctionne! Tout jeune, le produit humain moderne vit ses premiers émois. Plus grand, il se met en couple. Puis, il défait son couple et se refait dans un autre couple. Puis il se lasse de la formule couple et passe à la formule paire. S'il se lasse trop vite, où ira-t-il chercher ses prochaines sensations fortes? Ou alors, il subira un contre-coup, il se lassera par avance de tous les plaisirs, et il restera chez ses parents jusqu'à vingt ans, trente, quarante, et peut-être cent, avec les progrès de la longévité, car tous les plaisirs sont érodés d'avance, et qu'importe, puisque le virtuel y remédie. Pour un peu, on s'écrierait : «Le virtuel ! Y a qu'ça de vrai ! » Une addiction toute nouvelle s'est imposée, pour le plus grand bonheur des masses!

Concluons ici notre petit exposé. Alors, sommes-nous des hétéros refoulés? N'aurions-nous pas étouffé au fond de nous cette inclination débordante de vie et de tendance à donner la vie? Sûr que l'admettre est effrayant. «J'ai aujourd'hui quatre-vingt-dix ans, je ne me suis jamais marié pour ne pas imposer à une génération innocente les affres de l'apocalypse. Et pourtant, la vie est belle, le monde est beau, il foisonne de vie. La fin du monde n'est pas venue. Elle n'a pas anéanti les générations qui auraient dû me suivre, c'est moi qui leur ai interdit la vie par trop de pessimisme.» Certes, c'est dur de le reconnaître. Mais pour vous, lecteur, vous qui avez entre vingt et cinquante ans, n'est-il pas encore temps de changer de cap?

mercredi 25 octobre 2017

A l'approche de la déclaration Balfour, qui aura cent ans le 2 novembre, et vue la façon trop répandue de présenter négativement le sujet, nous nous arrêterons sur des méthodes pédagogiques pour le moins curieuses.
Désinformation dans les manuels scolaires
Ce n'est pas l'exposition trop prolongée aux ondes médiatiques qui amorce le sentiment d'antipathie envers le sionisme. L'aversion pour le pays des Juifs est inculquée dans le cœur des écoliers, avant même qu'ils n'aient jugé bon de s'intéresser à leur premier journal télévisé.
Les manuels scolaires exposent presque unanimement la renaissance de l'Etat d'Israël comme la « naissance d'une poudrière », ou d'un « foyer de tensions durables ». En bon livres de classe qui se respectent, ils sont illustrés de cartes en couleurs, et tout est tellement bien présenté que le jeune lecteur ne soupçonne pas la désinformation sous-jacente, car il a bien trop à apprendre et à retenir quand on lui fait ingurgiter un programme qui couvre toutes les régions du globe sur une période d'un demi-siècle et qu'il devra pour finir maîtriser pour passer son bac.
Il n'est donc pas surpris de voir que les cartes proposées ne commencent qu'en 1947, avec le plan de partage de la Palestine, ni du caractère indéfendable des frontières que concerne le vote des Nations Unies. En principe, le manuel scolaire propose une seconde carte, juste à côté de la première, avec les contours de l'Etat d'Israël, après l'agression des pays limitrophes. Le conflit déclenché par ces derniers, en raison de leur intolérance, a été retenu en Israël sous le nom de Guerre d'Indépendance. Comme le lecteur peut s'y attendre, d'autres cartes illustreront dans les pages suivantes les guerres ultérieures à la restauration de l'indépendance des Juifs.
Seulement, voilà, aucune carte ne fait état de ce qu'il y avait avant l'année 47, et c'est là que se cache sournoisement la désinformation évoquée plus haut dans ces lignes. Si la déclaration Balfour est parfois mentionnée, le texte ne précise pas que la terre promise par la Grande-Bretagne pour l'établissement du foyer juif de Palestine s'étend sur les deux rives du Jourdain, mais que son pouvoir s'en est dédit, a fait traîner l'accomplissement de la promesse, et a inventé un nouveau pays, privant ainsi Israël des quatre cinquièmes de son patrimoine géographique national. En tout état de cause, les manuels scolaires ne montrent jamais de carte pour donner une idée précise de cette intention. Ils ne font pas non plus état du vote de la conférence de San Remo, en 1920, qui attribua l'administration de la Palestine à la Grande-Bretagne, son pouvoir s'étendant de militaire à civile, afin de lui permettre de concrétiser l'installation du foyer juif. En principe, le Mandat Britannique était le préliminaire de l'Etat juif. Ce programme a été confirmé par un autre vote, toujours à San Remo, en été 1922, quand la majorité des nations se sont prononcées en faveur du renouvellement de l'indépendance de cet Etat.
Les programmes scolaires omettent catégoriquement, volontairement ou non, ce tournant de l'histoire. Le lecteur honnête ne peut pas, par conséquent, ressentir l'injustice subie par les Juifs, quand l'Angleterre, semblant faire la sourde oreille, se dédisait de ses engagements formels, auxquels il faut ajouter le Livre Blanc, interdisant aux Juifs la possibilité de fuir et de se réfugier dans leur pays, qui aurait dû être indépendant dès les années 20. Inconsciemment, l'élève verra la réalité de l'Etat d'Israël comme une mouche tombée dans un potage, et dont le commencement s'est matérialisé sous la forme d'une carte illogique qui défie l'entendement.
D'aucun objecteront que, si cette partie de l'histoire est passée sous silence, une carte globale du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord-est montre sans ambigüité la mainmise de l'entité arabo-musulmane sur la quasi-totalité des terres, et qu'un observateur neutre et honnête remarquerait immédiatement l'injustice qui a fait hériter les Juifs de la portion congrue. Mais là, tous ces pays à répétitions, qui reproduisent à l'infini le modèle monolithique du pays arabo –musulman, chacun étant littéralement cloné sur le modèle de son voisin, sont présentés au lecteur comme des entités originales qui ne présentent pas de ressemblances entre elles. Cette perception est si fortement ancrée dans les consciences que la répartition figée des alliances militaires, où tous les pays sont systématiquement contre Israël, n'interpelle plus personne. En Europe, la France pourra, selon le cas, s'allier ou être en conflit avec la Russie et l'Angleterre, en fonction des intérêts.
L'iniquité  du partage de la région par l'Europe est trop flagrante pour qu'on y prête attention. Des Juifs, il y en avait en Egypte, en Irak, en Iran et en Syrie. Il y en avait aussi en Palestine. S'ils étaient absents en Arabie ou au Koweït, c'est qu'ils avaient été massacrés par l'apparition d'une religion intransigeante, il y a de cela 1400 ans. Des Musulmans, il y en avait en Egypte, en Irak, en Iran et en Syrie. Bien entendu, il y en avait aussi en Arabie et au Koweït. Le point délicat, c'est que presque toutes ces régions ont vu naître des pays indépendants musulmans, contre un seul Etat juif.
On objectera qu'en Iran, la population n'est pas arabe mais perse. Ce qui est flagrant, c'es que les mêmes personnes bien pensantes, pour qui il apparaît comme évident que les différences de particularités entre toutes ces régions justifient l'existence de plusieurs pays indépendants les uns des autres, n'appliqueront pas leur raisonnement aux caractéristiques ethnoculturelles qui peuvent distinguer également les Juifs d'un endroit à un autre. La rigueur rationnelle et droite aurait dû exiger la création d'Etats juifs à la frontière de chaque Etat musulman. Un Etat iranien juif, un Etat irakien juif, un Etat syrien juif, et, en considérant des régions plus à l'Ouest, un Etat tunisien juif, etc. auraient dû voir le jour aux portes de chacun des Etats musulmans. Le monde n'est-il pas en train de s'acharner pour que les Juifs cèdent une partie des dix pour cent restants de la Palestine pour y voir un Etat palestinien musulman de plus ? En ce qui concerne l'Arabie, le problème se pose différemment en raison du génocide précité.
Une dialectique équitable, dans l'état actuel des lieux, même en renonçant à  réparer l'injustice qui fait que les Juifs n'ont pas tout ces Etats, consisterait à œuvrer pour un processus de paix visant à rapatrier la population arabo-musulmane hostile présente en Palestine vers les pays qui leur correspondent: même langue, même religion. L'Arabie, avec ses 2 150 000 km2 a largement la place d'intégrer les deux ou trois millions d'Arabes et de Bédouins des territoires libérés par Israël, ainsi que de ceux qui ont obtenu la nationalité israélienne mais qui haïssent le pays qui leur a donné tant de droits. Elle n'aurait qu'un peu plus de 20 millions d'habitants, soit trois fois moins qu'en France pour un territoire quatre fois plus grand.
Pour être en paix avec lui-même, le bon penseur européen doit choisir entre sa perception de l'équité, et œuvrer dans ce cas pour l'institution de plusieurs pays juifs, et entre la vision biblique de la destinée du peuple d'Israël, pour laquelle il n'existe qu'un seul Etat juif, la Palestine. Si les démocraties occidentales se sentent vraiment perturbées par cette situation de poudrière ou de tensions durables, elles peuvent opter pour une politique encourageant le regroupement des populations musulmanes dans cette immense péninsule désertique qui ne demande qu'à être peuplée et exploitée.