Bennett n'est qu'un symptôme. Le véritable mal,
c'est la présence étrangère hostile et le droit de vote dont elle dispose. C'est
elle qui arme ces bouchers qui tranchent la gorge à des passants ou à des bébés
juifs dans leur sommeil.
Il est clair pour tout un chacun que si un
individu en frappe un autre en se servant d'un bâton, l'ennemi de l'agressé n'est
pas le bâton, mais la main qui le manie. De la même façon, et certains services
sécuritaires l'ont bien compris, la menace iranienne qui plane sur Israël, D.
préserve, n'est pas la bombe mais l'ingénieur qui permet de la fabriquer. Certes,
dans notre monde nuancé, nous comprenons bien qu'il peut ne pas être inutile de
priver l'individu de son bâton ou l'ingénieur de sa bombe. Qu'ils soient
désarmés, ils se calmeront. Mais ce ne sera que partie remise.
Pareillement, si la fièvre ou l'inflammation,
mettons pulmonaire, peuvent n'être que des symptômes, il n'en demeure pas moins
que, même en ne contrant pas le facteur infectieux, les traiter peut sauver le patient, et
l'infection ou le virus n'emporteront pas le malade, de même qu'un agresseur
sans bâton ou sans bombe peut ne pas présenter de danger.
Certains services ménagent donc la chèvre et
le chou : un jour, ils provoquent une explosion dans un centre atomique ou en affectent
ses systèmes informatisés, et, un autre jour, ils en neutralisent l'ingénieur. On
peut objecter que l'ingénieur n'est qu'un bâton, et qu'il peut être remplacé,
auquel cas un nouveau cerveau doit être greffé au système, mais la fourmilière en panique devra d'abord
se réorganiser. Ça s'appelle une trêve.
Il arrive parfois que l'on mette soi-même en
place la main qui s'arrangera pour se procurer le bâton. Ainsi, les accords
d'Oslo ont introduits les terroristes de l'Olp et du Fatah, qui se sont équipés
de bombes miniaturisées pour attentats-suicides, et le «redéploiement» a maintenu
la présence ennemie à Gaza en lui donnant le champ libre et la possibilité en
quelques années de se fournir en missiles sophistiqués, dont les progrès ont
permis d'aller toujours plus loin : d'abord Sderot, puis Jérusalem ou Tel-Aviv.
Dans ce dernier cas, nous nous concentrons sur le bâton : les dômes de (l'âge de)
fer permettent d'intercepter à notre grande fierté une bonne partie de ces missiles.
Dans le premier cas, il est difficile de s'en prendre à un assassin déjà
suicidé. Bien sûr, puisqu'on ne s'intéresse qu'aux bâtons et qu'ils
s'autodétruisent et se succèdent. On ne va quand même pas commencer à se dire
que le choix d'avoir expulsé spécialement les Juifs de Gaza pour avoir la paix
pourrait ne pas avoir été le plus judicieux.
Mais laissons de côté ces paraboles et revenons
à notre sujet. A partir du constat selon lequel la situation politique et
sécuritaire en Israël est préoccupante, on peut se focaliser uniquement sur le
Premier ministre Bennett, le considérer comme un menteur, un traître à la solde
de l'ennemi ou, pire, comme un exécutant que l'ennemi fait chanter en poussant
toujours plus haut le plafond de ses exigences, dont pour commencer cinquante-trois
milliards de rançon exigés pour lui permettre de se hisser aux commandes du
pays. Ils seront détournés des caisses de l'Etat, des caisses alimentées par le
labeur du contribuable juif, qui déclare ses revenus jusqu'à la dernière agora.
Deux anecdotes en passant étayeront
l'assertion qui précède. Première anecdote. Deux frères vivaient dans un
village arabe israélien. Le père est arabe, la mère est juive. L'un d'eux
revendique son appartenance au peuple d'Israël, adhère à la religion de Moïse
et rejoint ses demi-frères du côté maternel. L'autre tente de l'en dissuader : «Là-bas,
tu ne vas pas rigoler. Est-ce que tu as la moindre idée des autorisations et
des taxes qu'ils payent ne serait-ce que pour fermer un balcon et le
transformer en chambre?» Fin de la première anecdote.
Seconde anecdote : Rattrapé par l'Autorité
fiscale, je suis sommé de faire une déclaration de patrimoine. Bon. Je réponds
à ma convocation. Ayant été mon propre entrepreneur, je présente un maximum de
factures et autres reçus : plomberie, installations électriques, chaudière, le
carrelage de chez Zéévi. Problème : j'avais délégué un maître d'œuvre juif qui
s'était fait seconder par des cousins (c'est ainsi que m'appelait mon boulanger
à Paris, dans le passé, qui travaillait en pyjama et en babouches). Aucune
preuve de payement de ce côté. Je parle franchement au percepteur. Je mets bien
les pieds dans le plat, exprès : «M. le préposé, vous allez voir tout de suite
que ce rapport ne comptabilise pas la totalité des frais de construction. Je n'ai
pu fournir que les traces de ce que j'ai payé chez des Juifs…» Mon précepteur jette
un œil sur les papiers et me coupe manu militari la parole : «C'est très bien,
c'est suffisant.» Fin de la seconde anecdote.
Outre les cinquante-trois milliards détournés,
les maîtres chanteurs ont exigé non plus que la construction sauvage du secteur
arabo-bédouin ne soit pas inquiétée, mais que les raccords qui viennent pirater
le réseau d'électricité soient légalisés et améliorés. Alignons-nous sur
l'allégation du membre de cette fratrie judéo-arabe, et abondons en sons sens.
Si tu vis chez les Juifs, tu vas devoir payer l'électricité, ce qui revient
cher, surtout en hiver. Et si tu ne payes pas, ni une, ni deux, on va t'en
priver.
A propos! Si vous subissez des chutes de
tension, si vous avez dernièrement dû changer trois climatiseurs et une machine
à laver, il se pourrait que ce soit à cause de la surcharge provoquée par les
embranchements sauvages entre la centrale et votre maison.
Quand on ne veut pas ou ne peut pas lutter
contre le crime, il suffit de le légaliser. Ainsi, Bennett et son gouvernement
peuvent se targuer de ne pas y être confrontés. Où voyez-vous des hors-la-loi,
du détournement de services ou de biens? Tout est légal! Nous sommes le
gouvernement de la légalité!
Mais Bennett n'est que le bâton d'une machine
inadaptée. Ce bâton est fort de 6 sièges (le parti en totalise 7, en comptant
le parlementaire Amikhaï Chikli, le seul qui n'ait pas trahi les engagements
électoraux de son parti). Si on traduit ce résultat en note scolaire, ça lui
fait 1/20.
Sur les 120 sièges de la Knesset, il est
impératif d'en réunir au moins 61 afin de former un gouvernement. 0r, même en
comptant le parti Meretz comme juif, bien qu'il ne travaille pas
particulièrement pour défendre les intérêts de son peuple, 10 lui échappent : 6
sont dans les mains de la Liste Commune, et 4 de la Liste Arabe Unifiée. Le parti Meretz, parti qui a la
pêche, compte 4 Juifs sur 6 postes. Bref, les Juifs n'ont plus entre leurs
mains que 108 sièges, sinon moins, sur les 120 que totalise son parlement.
Or, si l'idée première de la souveraineté de l'Etat
Juif pouvait encore être effective, dans l'état actuel des choses, 55 élus auraient
dû suffire pour former le gouvernement. Dans le cas contraire, il perd son
droit de diriger lui-même son pays. Le pouvoir du peuple (démocratie), juif en
l'occurrence, ne peut s'exercer.
D'aucuns rétorqueront outrés que les propos
qui précèdent sonnent comme du racisme. N'avons-nous pas tous été bercés par la
fameuse injonction : «sans distinction de race et de religion»? D'autant que
nous avons connu ce statut de minorité, jadis étrangers en Égypte et plus
récemment citoyens à part entière en France.
Oui, mais voilà. Nous n'avons jamais eu de velléités
prédatrices à l'encontre de nos pays d'accueil ou d'infortune. Nous avons
systématiquement pensé au bien de notre pays d'adoption tout autant qu'à notre
état minoritaire potentiellement précaire, en ces années glorieuses. Il n'y
avait pas de contradiction. Au contraire, une France équitable et prospère
allait de pair avec notre propre sécurité.
A l'instar des Français de souche, nous
votions à gauche, à droite ou au centre, motivés par les mêmes préoccupations
que ces derniers : le bien commun. De ce fait, nos voix se répartissaient comme
un calque copiant les préférences des autres votants. Le pourcentage des
intentions de vote chez les Juifs était pour ainsi dire l'indicateur du celui
des autres Français. Ici, en Israël, a contrario, la masse imposante qui ne
s'inscrit pas dans la nation d'Israël vote de façon monolithique, et revendique
avec arrogance la haine du peuple juif et de la vocation de son pays. Les
Arabes triés sur le volet, élogieux pour le pays d'Israël, où leur situation
est bien plus heureuse que partout dans le monde qui porte leur nom, sont l'exception
qui confirme la règle : par exemple, des deux sœurs Zouabi, ce n'était pas
celle qui exprimait son bonheur et sa reconnaissance qui siégeait à la Knesset,
mais bien celle qui injuriait, menaçait et portait ombrage à notre pays. C'est
elle qui avait derrière elle des dizaines de milliers d'électeurs de son
secteur. De la même façon, plus une nation, pendant la deuxième Guerre
mondiale, comptait de justes parmi les nations, prêts à protéger des Juifs,
plus cette nation s'est montrée cruelle envers les Juifs.
Et puis, trop chercher à se faire bien voir pourrait
être dangereux. Nous nous sommes encore une fois trop souvent laissé berner par
l'illusion de cette absence de différence de race et de religion. Comment? Nous
serions discriminés et discrédités dans un pays qui pas plus tard qu'en 1936,
avait avec Blum Léon un Juif à la tête de l'exécutif? Ou dans un autre pays, l'Allemagne,
qui octroya l'égalité des droits en 1869? Et pourtant. Si nous n'y prenons pas
garde, nous pourrions passer d'un Etat dont le Premier ministre et son peuple
se font racketter à un pays où nos racketteurs pourraient à la longue se passer
de notre présence, comme ils ne se gênent pas de le montrer dans les villes
sans Juifs de la terre d'Israël, que ces villes aient ou non la nationalité
israélienne. Cette nationalité attribuée
d'office de change pas un ennemi en un néo-Juif.
S'aveugler et s'obliger à penser que l'origine
identitaire et nationale de notre dirigeant serait sans importance, qu'il
puisse indifféremment être juif ou arabe ; s'étrangler en hurlant qu'il n'y
aurait pas de différence entre un enfant juif et un autre ukrainien, non pas à
l'endroit de sa souffrance mais en s'appuyant sur cette absence de différence
pour faire de ce dernier un citoyen d'Israël qui, à la longue, risque de nous
imposer une importation d'une haine antijuive séculaire momentanément reléguée
en arrière-plan, surtout quand on pense que «l'enfant» en question n'est qu'une
image métonymique, qu'il sert juste de pâte blanche, de sabot fendu, introduit
le premier sur la place avant de remettre en question la majorité juive du pays,
c'est de l'inconscience, ou de la mémoire courte. Non, si racisme il y a, ce
serait un racisme d'un genre inédit : un racisme contre les antisémites,
remodelés en une nouvelle race.
Comme on peut l'entendre dire ces temps-ci, il
existe un nationalisme positif, noble et défendable, pour lequel il sied de
prendre les armes. Si cette notion est mise en valeur par l'air du temps, c'est
au nationalisme juif qu'elle doit s'appliquer, le seul capable de garantir que
le Juif ne sera plus remis en situation de minorité martyrisable et persécutable
à souhait. Car c'est bien par manque de nationalisme juif que l'impensable peut
devenir routine, quand l'antisémitisme peut frapper jusque dans les rues
d'Israël.
Car,
comme le disait Desproges, la population se répartit en deux catégories : les
Juifs et les antisémites. Le Juif doit être vigilant, défendre son nationalisme
et la persistance de son droit à l'autodétermination, sans se laisser aller à
un angélisme photogénique autant que décadent. Nous avons évoqué cette haine
flagrante que produit sans relâche par ses bourreaux et bouchers la forte
population hostile présente sur le sol d'Israël. Mais il existe une autre
menace, latente. Qui se souvient de la forte proportion d'immigrants non-juifs
arrivés en Israël suite au démantèlement de l'Urss? Si elle
ne s'exprime ni par les bombes ni par les missiles, elle est néanmoins représentée
par le dirigeant politique Liebermann.
L'un des premières mesures adoptées par ce
dernier, suite à son accession au gouvernement, a consisté à retirer aux
familles religieuses les aides qui permettaient aux parents de travailler et
étudier la Torah, garante de la pérennité de notre peuple, conjointement. Peu lui
importe que cette mesure sociale fût redistribuée à des contribuables. Elle l'irritait
de manière inversement proportionnelle à la complaisance ressentie à l'égard du
piratage de l'électricité évoqué plus haut.
Avant Bennett, la gente politique observait un
modus vivendi tacite, disant à peu près ceci : nous devons former une coalition
dans le cadre des sièges que nous conservons entre nos mains et, s'il faut
néanmoins réunir 61 parlementaires, cela se fera sans les partis aux vocations
hostiles affichées, quitte à devoir subir des élections répétées, qui sont le
prix à payer dans les conditions présentes pour la préservation de notre
souveraineté. Un gouvernement minoritaire ne servira jamais les intérêts du
peuple juif. A ce système problématique en embuscade, la main, il ne manquait
que le bâton : Bennett.
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